Pour la pièce de théâtre écrite par Maurice Maeterlinck, voir Pelléas et Mélisande.
Pelléas et Mélisande est un opéra en cinq actes (19 tableaux) de Claude Debussy, considéré par le compositeur comme un « drame lyrique ».
Le livret est de Maurice Maeterlinck, d'après sa pièce de théâtre homonyme.
La première eut lieu le 30 avril 1902[2] à l'Opéra-Comique à Paris sous la direction d'André Messager[2].
L'opéra, comme la pièce de Maeterlinck, est une transposition du mythe de Tristan et Yseult.
Deux jeunes gens sont irrésistiblement amoureux.
Leur amour est interdit par la présence d'un mari âgé et violemment jaloux et ne peut s'accomplir que dans la mort.
Debussy a déclaré :
« J'ai voulu que l'action ne s'arrêtât jamais, qu'elle fût continue, ininterrompue.
La mélodie est anti-lyrique.
Elle est impuissante à traduire la mobilité des âmes et de la vie.
Je n'ai jamais consenti à ce que ma musique brusquât ou retardât, par suite d'exigences techniques, le mouvement des sentiments et des passions de mes personnages.
Elle s'efface dès qu'il convient qu'elle leur laisse l'entière liberté de leurs gestes, de leurs cris, de leur joie ou de leur douleur. »
Personnages
- Geneviève, mère de Golaud et Pelléas (contralto)
- Arkel, roi d'Allemonde (basse)
- Pelléas, petit-fils d'Arkel (ténor ou baryton Martin)
- Golaud, demi frère de Pelléas (baryton)
- Yniold, fils de Golaud, issu d'un premier mariage (soprano)
- Un médecin (basse)
- Un berger (basse)
Orchestre[modifier | modifier le code]
Instrumentation de Pelléas et Mélisande |
Bois |
3 flûtes (la 3e joue aussi la petite flûte), 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 3 bassons |
Cuivres |
4 Cors en Fa, 3 Trompettes en Fa, 3 trombones, 1 tuba |
Percussions |
3 timbales, cymbales, triangle, glockenspiel, cloche en Sol |
Cordes |
2 harpes, premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses |
Premier acte
Scène 1 : Une forêtDieu sait jusqu'où cette bête m'a mené… (Golaud - Mélisande)
- Pourquoi pleures-tu ? (Golaud - Mélisande)
- Qu'est-ce qui brille… (Golaud - Mélisande)
- Oh ! vous avez déjà des cheveux gris… (Mélisande - Golaud)
Melisanda est très timide et paraît triste mais ne trahit toutefois pas la raison de son comportement. Golaud l'emmène avec lui.
Scène 2 :
Un appartement dans le château
- Grand-père… (Pelléas - Geneviève - Arkel)
Celui-ci doit introduire une recommandation au roi Arkel afin que Golaud puisse rentrer après six semaines de voyage par mer avec sa deuxième femme Melisanda.
La lettre est apportée à Arkel par Geneviève.
Pelleas veut quitter le château à cause d'un ami qui est sur le point de mourir.
Arkel avait destiné à l'origine une autre femme comme épouse pour Golaud mais soutient toutefois son nouveau choix et son retour.
Scène 3 : Devant le château
- Il fait sombre dans les jardins (Mélisande - Geneviève - Pelléas)
- Il est temps de rentrer… (Geneviève - Mélisande - Pelléas)
- Ne fais pas de bruit… (Golaud - Yniold)
Geneviève familiarise Melisanda avec son nouvel environnement.
Mélisande craint l'obscurité du château et de sa forêt proche.
Des voix sont entendues qui proviennent d'un navire en partance.
Pelleas et Melisanda se rencontrent.
Deuxième acte
Scène 1 : Une fontaine dans le parcPelléas conduit Melisanda à la fontaine des aveugles dont l'eau permet de retrouver la vue.
Mélisande laisse tomber la bague de Golaud dans le puits.
À la même seconde, Golaud, dans un autre lieu, tombe de cheval et se blesse.
Interlude I, pour orchestra
Scène 2 : Un appartement dans le château
- Ah ! ah ! tout va bien… (Golaud)
- Voulez-vous un peu d'eau… (Mélisande - Golaud)
- Voyons; sois raisonnable, Mélisande. Que veux-tu que je fasse ?… (Golaud - Mélisande)
- Tiens, où est l'anneau… (Golaud - Mélisande)
Golaud l'envoie la chercher et ordonne à Pelléas d'aller avec elle.
Scène 3 : Devant une grotte
- Oui, c'est ici (Pelléas - Mélisande)
- Vous ne savez pas… (Pelléas - Mélisande)
Interlude II, pour orchestre
Troisième acte[modifier | modifier le code]
Scène 1 : Une des tours du château. Un chemin de ronde passe sous les fenêtres de la tour- Mes longs cheveux… (Mélisande)
- Holà ! Holà ! ho… (Pelléas - Mélisande)
- Il fait beau cette nuit… (Mélisande-Pelléas)
- Je me penche… (Mélisande - Pelléas)
- Je ne te donne pas ma main… (Mélisande - Pelléas)
- Je vois une rose… (Mélisande - Pelléas)
- Je les tiens dans mes mains… (Pelléas - Mélisande)
- Je les noue aux branches du saule (Pelléas - Mélisande)
- Que faites vous ici ? (Golaud)
Pelléas vient au pied de la tour, s'extasie devant la longue chevelure de Mélisande, s'enroule dedans.
Les cheveux de Mélisande s'emmêlent aux branches.
Golaud arrive, et surprend la scène. « Vous êtes des enfants » dit-il.
Scène 2 : Les souterrains du château
- Prenez garde… (Golaud - Pelléas)
Scène 3 : Une terrasse au sortir du château
- Ah ! je respire enfin… (Pelléas)
- Oui elles se sont réfugiées (Golaud)
Interlude III, pour orchestre
Scène 4 : Devant le château, sous la fenêtre de Mélisande
- Viens, nous allons nous asseoir ici (Golaud - Yniold)
- Pelléas et petite-mère… (Golaud - Yniold)
« Pelléas et Mélisande sont-ils souvent ensemble ? De quoi parlent-ils ? S'embrassent-ils ? ».
Golaud hisse son fils jusqu'à la fenêtre de la chambre où se trouvent Pelléas et Mélisande et lui demande ce qu'ils font (ils sont immobiles et silencieux et regardent la lumière).
Yniold s'effraie. Golaud l'entraîne.
Quatrième acte[modifier | modifier le code]
Scène 1 : Un appartement dans le château- Où vas-tu ?… (Pelléas - Mélisande)
Scène 2 : Un appartement dans le château
- Maintenant que le père de Pelléas est sauvé (Arkel)
- As-tu peur de mes vieilles lèvres… (Arkel - Mélisande - Golaud)
- Une grande innocence… (Golaud)
- Ne mettez pas votre main à la gorge (Golaud - Arkel - Mélisande)
- Si j'étais Dieu j'aurais pitié du cœur des hommes (Arkel)
Golaud survient, blessé au front, et refuse que sa femme le soigne.
Il lui réclame son épée, la traîne par les cheveux et la jette à terre.
Interlude IV, pour orchestre
Scène 3 : Une fontaine dans le parc
- Oh ! cette pierre est lourde (Yniold - Le Berger)
Scène 4 : le même lieu
- C'est le dernier soir… (Pelléas - Mélisande)
- Nous sommes venus ici… (Mélisande - Pelléas)
- Tu ne sais pas pourquoi… (Pelléas - Mélisande)
- Où es-tu ?… (Pelléas - Mélisande)
- Quel est ce bruit ?… (Pelléas - Mélisande)
- Écoute ! (Pelléas - Mélisande)
- Oh ! oh ! Je n'ai pas de courage ! (Mélisande)
C'est le dernier soir.
Pelléas et Mélisande échangent un baiser en s'avouant leur amour.
On ferme les portes du château : ils se retrouvent empêchés d'entrer.
Golaud surgit par derrière un arbre, et frappe Pelléas à mort qui tombe près de la fontaine, tandis que Mélisande s'enfuit.
Cinquième acte[modifier | modifier le code]
Scène unique : Une chambre dans le château- Ce n'est pas de cette petite blessure (Le Médecin - Arkel - Golaud - Mélisande)
- Comment te trouves-tu ? (Arkel - Mélisande - Golaud)
- Mélisande, as-tu pitié de moi ? (Golaud - Mélisande)
- Où es-tu ? Mélisande ! (Golaud - Arkel - Mélisande)
- Qu'y a-t-il ? (Golaud - Le Médecin - Arkel)
- Qu'y a-t-il ? (Le Médecin - Arkel)
Elle a mis au monde une petite fille.
Elle a déliré plusieurs jours durant et est mourante à présent.
Golaud lui demande pardon et tente, en vain, de lui faire avouer qu'elle fut coupable.
Mélisande meurt doucement, en silence.
Première et réception
Depuis le soir de mai 1893 où Debussy a assisté à la représentation de la pièce, il s'est écoulé presque dix ans.La générale, le 28 avril 1902, qui se déroule en public et salle pleine, donne lieu à réactions et controverses: des rires, des « conversations fiévreuses » — mais nulle présence ou intervention de la police comme on a pu le lire (p. 289-313).
Le musicologue Denis Herlin cite entre autres l'agenda d’Henri Busser :
« Peu de protestations. [...] Debussy est dans le cabinet de Messager où il reçoit visites et félicitations. ».
Et dans le journal de Busser, où ce dernier est plus nuancé :
« Debussy s’est réfugié dans le bureau de Messager et fume nerveusement cigarette sur cigarette. Conseil de guerre avec Albert Carré et Messager.
Nous sommes atterrés de l’accueil fait particulièrement au troisième acte.
On a ri quand Mélisande dit : “Je ne suis pas heureuse ici”, après la scène où Golaud la traîne par les cheveux[3]. »
Dès le lendemain de cette générale — donc la veille de la première —, la censure fait couper des parties de la scène 4 de l'acte 3.
Henri Busser écrit dans son journal à propos de la première :
« Le première représentation reçoit du public un meilleur accueil : trois et quatre rappels par acte. La scène du petit Yniold soulève encore quelques murmures, vite apaisés.
Salle enthousiaste pour les deux derniers actes. »
Cette incompréhension n'empêche pas le succès :
« Pélléastres » et « contrapuntistes » s'affrontent. Debussy déclare :
« Je ne crois plus à l'omnipotence de votre sempiternel do, ré, mi, fa, sol, la, si, do. Il ne faut pas l'exclure mais lui donner de la compagnie depuis la gamme à six tons jusqu'à la gamme à vingt et un degrés… Avec les vingt-quatre demi-tons contenus dans l'octave, on a toujours à sa disposition des accords ambigus qui appartiennent à trente-six tons à la fois. »
Vincent d’Indy salue et défend Pelléas dans son article de juin 1902 dans la revue L’Occident : « Quoi qu’il en soit, à quelque genre qu’on veuille ou ne veuille pas rattacher Pelléas et Mélisande, que résulte-t-il de l’audition pour tout esprit débarrassé du parti pris ?..., la sensation d’une très belle œuvre d’art que l’on peut ne pas comprendre tout d’abord, – c’est le cas, je l’ai expliqué, de la plupart de critiques professionnels et aussi de bon nombre de musiciens, – mais qui n’en éveille pas moins dans l’âme ce frémissement, constatation de beauté, que connaissent bien ceux dont l’enthousiasme artistique n’est point atrophié, et aussi le désir de réentendre, sûr garant de la valeur d’une œuvre[4]. »
Interprétations célèbres[modifier | modifier le code]
- 1941 : Jacques Jansen (Pelléas), Irène Joachim (Mélisande), Henri Etcheverry (Golaud), Paul Cabanel (Arkel), Germaine Cernay (Geneviève, Leila Ben Sedira (Yniold), Emile Rousseau (un Berger), Armand Narcon (un Médecin) et les chœurs Yvonne Gouverné, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, dirigé par Roger Désormière, Paris.
- 1953 : Camille Maurane (Pelléas), Janine Micheau (Mélisande), Michel Roux (Golaud), Xavier Depraz (Arkel), Rita Gorr (Geneviève), Annik Simon (Yniold), Marcel Vigneron (un Berger, un Médecin) et les chœurs Élisabeth Brasseur, l'Orchestre des Concerts Lamoureux, dirigé par Jean Fournet, Paris.
- 1962 : Jacques Jansen (Pelléas), Micheline Grancher (Mélisande), Michel Roux (Golaud), André Vessières (Arkel), Solange Michel (Geneviève) - Chœur de la RTF, Orchestre national de la RTF dirigé par Désiré-Émile Inghelbrecht.
- 1964 : Camille Maurane (Pelléas), Erna Spoorenberg (Mélisande), George London (Golaud), Guus Hoekman (Arkel), Josephine Veasey (Geneviève), Rosine Brédy (Yniold), John Shirley-Quirk (le médecin), Gregore Kubrack (un berger) Chœurs du Grand Théâtre de Genève (chef des chœurs : Giovanni Bria) Orchestre de la Suisse romande dirigé par Ernest Ansermet, Genève (Grand-Théâtre).
- 1978 : Richard Stilwell (Pelléas), Frederica von Stade (Mélisande), José Van Dam, (Golaud), Ruggero Raimondi (Arkel), Nadine Denize (Geneviève), Christine Barbaux (Yniold) et le chœur de l'opéra de Berlin, Orchestre Philharmonique de Berlin, dirigé par Herbert von Karajan (Enregistrement EMI).
Discographie et filmographie[modifier | modifier le code]
Les versions de Pelléas et Mélisande disponibles sur support CD sont les suivantes :DVD[modifier | modifier le code]
- Direction musicale - | - Direction de la mise en scène - | Date | Pelléas | Mélisande | Golaud | Arkel | Yniold | Geneviève |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
John Eliot Gardiner | ||||||||
Pierre Boulez | ||||||||
Andrew Davis | ||||||||
Franz Welser-Möst | ||||||||
Bertrand de Billy | ||||||||
John Eliot Gardiner | ||||||||
Philippe Jordan |
Droits[modifier | modifier le code]
Bien qu'en principe les œuvres de Debussy soient tombées dans le domaine public partout dans le monde, Pelléas et Mélisande reste protégé, dans l'Union européenne et autres pays appliquant un délai de 70 ans post mortem, jusqu'en 2020, le livret étant de Maeterlinck (mort en 1949).Voir aussi[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Le livret.
- Pelléas et Mélisande : partitions libres dans l’International Music Score Library Project.
- Pelléas : la trahison sociale au château, in Silence n° 4, mai 1987.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Ariane Charton, Debussy, Folio Biographies, 2012, p. 196-198 (ISBN 978-2070-43982-9).
- François-René Tranchefort, L'Opéra, Éditions du Seuil, 1983, 634 p. (ISBN 2-02-006574-6), p. 344
- Henri Busser, De Pelléas aux Indes galantes : de la flûte au tambour, Paris, Fayard, 1955, p. 113-114.
- « Pelléas et Mélisande » cent ans après : études et documents, sous la direction de Jean-Christophe Branger, Sylvie Douche et Denis Herlin, Lyon, Symétrie, 2013, p. 499-502 (ISBN 978-2-914373-85-2).
No comments:
Post a Comment