NATALE CIGLI RENZI E X' INSTITUT HISTORIQUE DE FRANGE J.tlH8t91 TIPOGRAFIA ERATELLI FARAONI RIETI ■,'f *. »»«■»» NATALE Clou r ~^, L?0 ANGELO RENZI E L'INSTITUT HISTORIQUE DE FRANGE « On ne sait pas tout ce quii en colite de peines et de veilles pour écrire quelques lignes d'histoire ».Voltaire « Le siede de Louis XIV » y TIPOGRAFIA FRATELLI FARAONI RIETI r En achevafit ces pativres lignes, j'ai fait de mon mieux potir óter à Voubli Angelo Renzi et son oetivre. Mon Seul but a été cehd de le /aire connaitre et apprécier, dans son vrai mérite, par ses concitoyens. N, C, Rieti, j Novembre igi8. ANGELO RENZI NOTICES BIOGRAPHIQUES Dans le beau et rìant village de Morrò, tout près de la ville de Rieti, naquit, en 1788, Angelo Renzi, (i) Dote d'un esprit vif et percant, d'une grande intel- ligence et d'une culture vaste et multiforme, plutót que dans sa propre Patrie, il devait se procurer, par ses écrits, une excellente réputation dans sa patrie adoptive : la France. Après la mort de son pére, qui dut arriver quand le nòtre était encore tout jeune, il abandonna à jamais son village et se rendit en 1803, àgé de quinze ans environ, à Rieti, sous la jurisdiction de la Paroisse de Saint-Eusanio (2). On ne sait trop dire des premières années de son bas-àge ; mais toujours est-il que, subvenu par son parrain, le noble Joseph Angelotti, il put se procurer une bonne éducation littéraire et scientifique (3). Il fit ses études chez les PP. Scolopes (4). Son maitre (i) Il nous a été impossible de consulter l'acte de naissance; car les Archives de la Municipalité de Morrò Reatino brùlèrent, malheureusement, en 1843 et l'on n'y trouve que le Registre analogue depuis 1844. Toutefois, d'après l'acte de décès, le nòtre serait né en 1792; mais cela n'est pas juste, car tous les autres documents que nous avons pu consulter, nous ont persuade à accepter comme date de naissance l'année 1788. V. Cahier des Stati liberi de 1807 à i ^14 chez les Archives de la Chancellerie Episcopale de Rieti; Liber matrimoniorum ab anno 17 gì ad annum 1860 Parochialis Ecclesiae S. Juvenalis et Bma. Virginis Maria de Scala; Registre des Confirniations des Archives paroissiales de Morrò Reatino; A. De Nino, Briciole letterarie^ Voi. I, Lanciano, R. Carabba, Éditeur; Stato di anime (amio 1809) soggette alla Parrocchia di S. Eusanio. (2) V. Cahier des Stati liberi, cit.; Liber niatrimoìiiormn, cit.; Stato di anime, cit. (3) Voir A. De Nino (oeuv. cit.) qui eutavec Renzi une correspondance de 1866 à 1867; Stato di anime, cit. (4) « I PP. delle Scuole Pie vennero a Rieti nel maggio del 1698 e vi tennero l'insegnamento comunale fino al 7 ottobre 1815, continuando fino al '66, per conto loro, le scuole elementari nella casa parrocchiale ». A. Sacchetti - Sassetti, Le Sciwle Pubbliche in Rieti dal XIV. al XIX secolo. Rieti, tip. S. Trinchi 1902. — 8 — ce fut le pere Angelo Bonuccelli (i), illustre et savant latinìste, ex-recteur du Collège Nazaréen de Rome et membre correspondant de l' Institut Historique de France (2). Ses études achevées, Renzi se donna à la carrière des bureaux. Il fut d'abord greffier du Juge de Paix et après Secrétaire de Sous-Préfecture (3). En 18 12, le 26 du mois de novembre, il épousa Marie Catherine Canali, fiUe du Marquis Jean Thadée Canali (4), Quelque temps après son mariage, il quitta a jamais son róle pour s'adonner librement à ses études, Cependant une foule de péripéties, causées surtout par des ménages auxquels il ne savaìt s'y prendre et qui l'obligèrent à aliéner la dot de sa femme (5), lui firent essuyer une vie plutót pénible (6), égayée alors quelque peu, par la naissance de sa petite Clélie (7). En attendant, Renzi, qui était dès sa jeunesse tout épris des idéés jacobines, suivait, avec enthousiasme, la cause bonap artiste. Cela lui valut un procès politique et ensuite l'exile. Le procès lui fut fait en 18 15 par le Gouverneur M. Bocci car, après la restauration du pouvoir temporel dans la ville de Rieti, qui avait été pour quelques mois (18 14-15) sous la domination de Joachim Murat, il fìt, avec ses amis, (i) Il P. Angelo Bonuccelli fu a Rieti dal 1807 al 1808, fungendo da Prefetto delle Scuole e sottoscrisse come delegato della Comunità gli atti del Capitolo Locale (1808). V. Pacco di scritture appartenenti alla Casa dei PP. delle Scuole Pie di Rieti. C'est Renzi lui-méme, qui nous le témoigne par la dédicace suivante qu'il écrivit de sa propre main dans sa brochure : « Précis Historique sur la panification » et ainsi concue : « Al mio degno Professore e carissimo amico il P. Angelo Bonuccelli ex Rettore del Collegio Nazareno di Roma. Omaggio del suo allievo affé zio- natissimo Renzi ». Voir A. Renzi, Variétés littéraires. Voici en outre quelques notices biographiques à l'égard du P. Bonuccelli, que nous avons tirées de l'ouvrage: Index Bio-Bibliographicus CC. RR. PP. Matris Dei Scholarum Piarum a P. Thoma Vinas. Voi. Ili, Romae, Typographia Vaticana, igii: « Multa illi ab natura aderant bona. In his ingenium aptum ad artes optimas, magna corporis dignitas, carminis et prosae orationis, latino sermone, rara facultas. Aletrii, Reate, Anconae... Rhetorica publice enarrans, ne dum ipse sibi deesset, maximam litterarum gloriam adsequebatur... Collegiorum Rectoris partes sustinuit primum Urbini, deinde Romae, ex quibus summa cum laude discessit... Eum Urbinates civitate donaverant, Comitia nostra Romae habita Praepositi Provinciae titulo ad honorem honestaverunt : pleraeque vero Italicae Academiae suum nomen in album retulerant, quarum Tiberina aureo numismate quotannis, quamdiu in urbe fuit, assueverat illum insignire. Edidit : Carmina, Alloquutiones , Titulos, etc. latino et patrio sermone, quae duobus Voluminibus in 4 Archivio Generali commissis continentur ». (2) Présente par MM. Breton et Renzi, il fut admis le 30 aoùt 1844 - V. YJ Investigateur Tome IV - ae Sèrie; Procès-verbal de l' Assemblée generale 1844. Nous rapportons ici le jugement que M. Alix donna sur les poésies latines de A. Bonuccelli: « L'Oeuvre de M. Bonuccelli prouve qu'il possedè une profonde connaissance de la langue latine et des poètes du siede d'Auguste, dont il s' attaché à suivre les traces ». V. L'Investigateur. Tome V, 2e , Sèrie 1845. (3) Voir A. De Nino. Oeuv. cit. (4) V. Liber matri-moniorum, cit. (5) Emptio Stabilium. Pro Domino Felice Filippi c.a D. Angelum Renzi. Die Vigesima octava Januarii 1815 Ind.e Tertia Ponthif. SS. D. N. D. Pii PapeVII Anno XV. Ita est Johannes Zepponi, Nots. publicus Reatinus in fidem. V. Archives Communales de Rieti. (6) Voir Dk Nino, Oeuv. cit. (7) Cette jeune fille, qui mourut à la fleur de son àge, s'ètait dédièe à la musique et écrivit, de bonne heure, des très-belìes romances et plusieurs pièces très-extimées. Son dernier ouvrage c'est un chant guerrier : VAfricaine. V. L'Investigateur, Tome V, ac Sèrie 4, 1844. — 9 — une démonstratìon quelque peu hostile au gouvernement restauré. Le cas, cependant, n'étant pas sérieux, le Secrétaire d'Etat, auquel on avait remis le procès pour com- pétence, établit de suspendre toute autre procedure (i) Mais la chose ne devait pas s'arrèter là. Peut-ètre s'était-il engagé sérieusement en 1821 dans quelque comité révolutionnaire et, étant découvert, il lui fut defendu à jamais de demeurer dans les États de l'Église (2). Ce fut alors que, suivant l'exemple des autres patriotes, il se refugia à Paris laissant à regret notre belle Patrie, où il ne devait revenir, pour peu de jours, qu'en 1862 (3). Heureusement, il s' était lié d' une véritable amitié, avec le célèbre sculpteur Denis Foyatier (4) qui venait d'entreprende, alors, un voyage d'instruction en Italie. Cette rencontre arriva, peut-ètre, à Rome dans l'atelier du célèbre statuaire francais, qui avait concu ici l'idée de son Spartacus brisant les chaìnes dont les Romains r ont chargé et méditant des projets de vengeance (5). A l' exécution de cette statue, qui devait fonder la réputation de Foyatier, assistait assidument notre Renzi, lui aussi vivement passipnné pour les arts, et, lorsqu'il dut s'exiler et resolut de se rendre en France, il exposa ce projet à son ami. Denis Foyatier, qui avait déjà apprécié l' intelligence et le savoir de Renzi, pour lui rendre moins pénible la vie, lui procura une chaire de langue italienne dans un lycée de Paris (6), Leur sépa- ration fut donc inévitable pour le moment; mais en 1827, quand Foyatier revint (i) V. Ordine pubblico: Sospetti; detenuti (Voi. 51) 13 agosto 1835 e segg. - Notizie su Angelo Renzi di Morrò rifugiato in Francia. « Nel 1815 dal Governatore Bocci fu fatto un processo contro Angelo Renzi ed altri e quindi rimesso al Segretario di Stato che sospese ogni ulteriore procedura ». (2) V. Protocollo segreto di Polizia Voi. 71; 23 - 6 - 1838. Risposta al Governatore di Roma: «Ricevuto elenco dei compromessi cui è interdetto ritorìio nello Stato Pontificio souo i designati di questa Provincia : Angelo Olivetti, Colacicchi Amadeo, Carocci Serafino. Renzi Angelo emigrò fino dal '21 e si crede fisso in Francia. (3) V. Ulnvestigateur, T. II, Sèrie IV, 1862. (4) « Denis Foyatier, statuaire francais, né à Bussière (Loife) en 1793, morta Paris en 1863. Élève à l'École des beaux-arts de Lyon, il obtint, en 1816, le prix de sculpture. S'étant rendu à Paris, il debuta au Salon par une statue de Faune, qui lui valut une médaille d'or et la commande d'une statue de Saint Marc, pour la cathédrale d'Arras. En 1822, il exposa deux statues: celle d'un Laboureur méditant sur des armes qu' il vient de trouver dans la terre et celle d'un f ernie berger jetant des fleurs sur le tombeau d'un guerrier. La lutte de l'indépendance hellénique lui suggéra l'idée de son Spartacus. Le modèle en fut exposé en 1827 et obtint un très grand succès. Rappelons toutefois qu'il exécuta la statue equestre du monument à Jeanne Darc erige par la ville d'Orléans le 8 mai 1S55 ». V. Nouveau Larousse illustre fSupplément.J. A. Kunzi; Notice biografique dans L'Investigateur. T. 3, Sèrie IV, 1863. A propos de cette oeure, voici le jugement donne par A. Renzi en la dècrivant: « Le monument de M. Foyatier, est le plus complet de tous ceux de ce genre... la simplicité des lignes... l'ensemble du monument, retr acent avec bonheur la vie entière de l'hérovne et ont un caractère pairiotique, religieux et mystique ». A. Renzi, f canne Darc, pag. i. (5) Voici comment Renzi, lui-méme, nous confirme cette circostance: «fé me trouvais dans l'atelier de Foyatier lorsqu'il regut la visite du célèbre statuaire Thorwaldsen. Il fut très-satisfait, il lui fit des compli- imnts et l'engagea à faire mouler de suite sa statue (la statue de Spartacus). V. L'Investigateur T. Ili, S. IV, 1863 pagg. 321-331. (6) V. De Nino. Oeuv. cit. — IO à Paris, ils se rencontrèrent pour la seconde fois et raffermirent toujoufs plus une amitié à jamais sincère et dévouée (i). La renommée qu'il allait tour à tour se pro'curant par la nouvelle carrière de l'enseignement, devait s'augmenter sensiblement par ses écrits, et par son activité, quand il fut admis à \ Institut Histo7dque de France, en qualité de membre titulaire de la première classe, le 31 décembre 1834 (2). En devenant l'administrateur-trésorier (3) de cette Société naissante, et dont il en dirigea depuis 1840 à 1871 « l'existence matérielle » (4), non seulement il ouvrit des relations avec quantité de Sociétés Savantes francaises et étrangères ; mais aussi avec une foule de savants qui s' agrégèrent à leur tour (5). Déjà son Spartacus et la Vie politigue et littéraire de Frangois Salfi, publiés en 1832, l'avaient assez bien présente aux gens de lettres de cette epoque, et les ouvrages qu'il fit suivre, avec un grand nombre d' articles d' histoire, d' archeologie et de linguistique, insérés dans \ Investigateur et dónt nous irons bientòt nous occuper, lui valurent sa nomination dans plusieurs Académies et Sociétés savantes francaises et étrangères (6). A tei point était son crédit qu'on le nomma représentant de \ InstihU Historique au X.*"^ Congrès Scientifique des Italiens, tenu à Sienne en 1862 (7). Mais, son long exil ne put jamais effacer de son àme le souvenir des lieux où il avait passe sa jeunesse et cueilli les premiers fruits de son opérosité ; oii il avait tant d' amitiés à regretter; concu tant d'espérances, et toujours à plaindre de beaux et charmants souvenirs. Et quand sa vièillesse, qui approchait, et le genre de ses occupations ne lui permettaient, desormais, de quitter plus la France, il offrit ses nombreuses publications à la bibliothèque de la ville de Rieti, en témoignage de sa sincère affection et d' une vénération grande et véritable. Ce fut alors que (i) V. L' Investigateur. T. Ili, Sér. 4, 1863, (2) V. L' Investigateur T. I, 1834-35: Tableau des membres composants l'Institttt Historique. (3) V. L' Investigateur T. XI, 1839-40, pag. 180: « le Conseil, dans sa Séance du 6 mars 1840, a, sous la présidence de M. le Comte Le Peletier d'Aunay, prononcé, au scrutin secret, sur le quatre candidats qui se présentaient pour reniplir les fonctioìis d' administrateur-trésorier . Au premier tour M. A. Renzi, membre residuili de la première classe, un des plus anciens membres de l'Institut Historique, a obtetm la majorité. L"- Assemblée generale du samedi 28 mars 1840, sous la ménte présidence, a confirmé ce choix au premier tour de scrutin secret ». Il avait en outre le droit d'assister aux séances et voix consultative (art. 30 des Nouveaux Statuts Constitutifs du 26 février 1840). On lui assigna 1200 francs par an pour ses appointements. V. L'In- vestigateur, T. XI, 1839-40 (sòme assemblée generale de l'Institut). (4) V. L' Investigateur, 38nie année 1872, pag. 15. (5) V. L' Investigateur T. III, S. 2, 1843, pag. 224: Rapport de M. A. Renzi sur les relations de la Société (Institut Historique): «... J'ai ouvert des relations avec quelques nouveaux membres de Russie... nous continuons d'échanger no tre Bulletin avec les publications de trente-deux Société^avantes , frangaiseset étrangères ». (6) Il était membre de l'Académie de Valdarno, de la Société des Archivistes de France, de la Smithsonian Institution de Washington, de la Société des Antiquaires de Copenhague, et d'autres. V. L' Investigateur T. Ili, 1843. (7) V. L' Investigateur T. II, 1862: Procès-verbal de l'Assemblée Generale; Séance du 31 octobre 1862, II l'Assesseur M. Ludovic Petrini, au nom de la Municipalité de la ville de Rieti, lui fit ptarvenir une lettre de remerciment et de félicitation, accompagnée d' une médaille d'or qui portait sur une de ses faces l'effigie du roi Victor - Emmanuel II et sur le revers l'inscription suivante : La Commune de Rieti au bien méritant Angelo Renzi- i86g (i). Còmment Renzi accueillit cette attestation de reconnaissance, il peut aisement se voir dans la réponse qu'il adressa à M. l'Assesseur L. Petrini et que nous reproduisons ci-dessous (2): INSTITUT HISTORIQUE DE FRANGE 47, Rue Bonaparte Parigi, ai 28 di luglio i86g Onorevolissimo Signore^ La veneratissima di V. S. Illnia del 28 Giugno ultimo 7ni giunse colla medaglia d''oro, che la Rappresentayiza della Città di Rieti si e degnata inviarmi, come attestato di riconoscenza pel dono de' miei scritti mandati alla Biblioteca del Comune, e come pegno di grata -memoria che di me serba il Municipio reatino. Ho gradito moltissimo la medaglia, che serberò gelosamente, come una grande distinzione, colla quale mi 07iora il Municipio reatino e come ricordanza del luogo natio. Prego intanto V. S. Illma a volersi degnare di fare aggradire al Municipio reatino, alla Giimta, al Sindaco, e di gradire per Ella stessa, i miei sentimenti di gratitudine e di alta stima coi qzcali ho l'onore di rassegnarmi Devmo Servitore ANGELO RENZI All' Ornatissimo Signore LODOVICO PETRINI ff. di Sindaco RIETI Voici la version que nous en donnons : Paris, le 28 juillet 1S69. y Tr£^- honorable Monsieur, J'ai regu, le 28 juin dernier,la lettre de V. S. avec la médaille d'or, que la Junte de la Ville de Rieti a digné m 'envoyer, comme attestation de reconnaissaìice pour tnes écrits, adressés par moi à la Bibliotheque Communale et en souvenir de la Municipalité 7néme, à mon égard. (i) V. Protocole de la Mairie de Rieti du 28 juin 1869 au N. 5511; L' Investigateur T. IX, S. 4, 1869 pag. 224. (2) V. Protocole de la méme Mairie du 31 juillet 1869 au N. 5732. — 12 — /'ai beaiicoicp agréé la médaille, qiie je garderai jalousemeni, etani tene grande distinction, par laquelle m'honoj'e la Mairie de Rieti, et un charmant souvenir du lieu natal. Je p7'ie, en attendant, V. S. de /aire agréer à la Mtinicipalité de Rieti, à la /unte, au Maire et d' agréer Vous mème, mes sentiments de gratitude et d'estinte avec lesquels /'ai l'hoìifieur de me dire Votre tres - obéissant A. RENZI A M, LUDO Vie PETRINI ff. de Maire de RIETI Paurtant, il n'a pas été ainsi quant à la Municipalité de Morrò qui a, du moins jusques à présent, oublié à tort celui de ses concitoyens qui, peut-ètre, n'a pas été des derniers et, en esquissant ces pauvres lignes, je souhaite qu' elle voudra bien réparer à son oubli et honorer, quoique modestement. Angelo Renzi, dont elle aura toujours à se glorifìer. L'an 1870 venait d' apporter pour la France tous ces revers que 1' histoire nous apprend et, lorsque les membres qui composaient le bureau de V Institut Elistoriqne se retroùvèrent, après les douloureux événements de la guerre étrangère et de la guerre civile, réunis à Paris, ils constatèrent que plusieurs membres de la Société, les plus dévoués, étaient décédés. Son administrateur A. Renzi, parvenu à l'àge de quatre-vingt-trois ans, après avoir traverse péniblement le siège et la Commune, avait succombé sous le coup des privations et des émotlons (i). En effet il avait exhalé son dernier soupir, le 11 juillet 1871, dans son modeste appartement situé rue Royer-Collard N. 11, à deux heures' du soir. (i) Y. L'Investigateur, 38.6 année, 1S72, pagg. 5-1; L'INSTITUT HISTORIQUE DE FRANGE de 1833 à 1872. Pour expliquer l'origine de cette Société, il suffit de rappeler l'espèce de renais- sance historique qui signala les dernières années de la Restauration et l'immense dé- veloppement que prit ce mouvement scientifique après la revolution de juillet. Toutes choses alors étaient remises en discussion et l'on allait chercher la raison de toutes choses dans l'histoire. L'intérèt des questions qui étaient agitées, fit naìtre le besoin d'un rapprochement entre ceux qui s'en occupaient. De là la pensée d'une assocìation consacrée à ces pacifìques débats. « Dans notre epoque d'intelligence et d'action — écrit Casimir Broussais, dans son Introduction au Journal de VlnstihU historique (i) — - l'histoire est devenue une nécessité imposée à tous ; elle est, en effet, le complément de tonte étude, la condition de tout progrès. Le besoin de l'histoire nous poursuit partout et à tout moment, Nous ne pouvons promener les yeux autour de nous sans ètre forcés de nous enquérir de l'histoire de ce qui frappe nos regards. Quelle que soit la science que nous cul- tivions, que de doutes nous pourrions lever, que de difficultés nous verrions s'aplanir, si nous voulions puiser dans l'étude de l'histoire la haute instruction qu'elle nous offre !,,. Rétrécissant ce cadre immense de l'instruction historique, on en a fait une branche de la littérature, et rien de plus ; quelque chose d'agréable et non d'utile; un objet de luxe enfin, et non pas de nécessité. (i) V. Journal de l'Institut Historique pagg. 1-3, Tome I, année I, 1834. I. classe II. » III. » IV. »' V. » VI. » — i6 — Jusqu'à ce jour, toutes les branches de l'histoìre ont été inégalement cultivées, quelques unes aux dépens des autres, et elles ne se sont pas prète le mutuel appui qu'elles se doivent. Il fallait un enseignement historique qui les réunit toutes ». Et la réalisation de cette pensée, en efìfet, amena la fondation de V histitut histo- rique qui « embrasse, disent ses fondateurs, (Prospectus pp. 6 et 7) toutes les con- naissances historiques dans leur ensemble, et, au lieu de borner l'histoire à l'étude ordinaire des événements qui remplissent la vie extérieure des nations, il l' étend à la connaissance de leurs idées, de leurs sciences, de leurs opinions, de leurs cultes, de leur genie; c'est-à-dire de tout ce qui constitye la vie intime de l'humanité ». Un pareli but imposait la division de V Institut dans les six classes suivantes (i): Histoire generale. Histoire des sciences sociales et philosophiques. Histoire des langues et des littératures. Histoire des sciences physiques et mathématiques. Histoire des beaux-arts. Histoire de France. Le 22 février 1836, sur la proposition de Jules Michelet, elles furent reduites à quatre (2): I. classe : Histoire generale et histoire de France (autrefois première et sixième). IL » : Histoire des langues et des littératures (autrefois troisième). III. » : Histoire des sciences physiques et mathématiques, sociales et philosophiques (autrefois deuxième et quatrième). IV. .» : Histoire des beaux-arts (autrefois cinquième). Une foule d'hommes alors (3), dont les travaux avaient marqué dans quelqu'une ou plusieurs de ces branches de l'histoire, ou dont la vie était consacrée à ces études, s'empressèrent de répondre à cet appel, désireux de faire toujours plus avancer la science de l'histoire, de rapprocher tant de travaux isolés, rélatifs à tant de sujets divers et faits dans tant de sens différents. Et V Institut' Historique venait d'ètre fonde. C'était le 24 décembre 1833. Sa c.onstitution definitive ne remonte, cependant, qu'à 1834, le 6 d'avril ; dans laquelle on approuva les Statuts constitutifs, qu'une commission, nommée par l'As- semblée generale précédente du 23 mars, avait rédigés. (i) V. Journal de l' Institut Historique T. I, 1834. (2) V. \^' Investigateicr T. V, Sèrie II, 1845. (3) L'Institut comptait à sa fondation plus de 500 membres : V. Journal de l' Institut Historique T. I, 1834 - 17 — Cette assocìatìon ainsi constituée, et qui porte maintenant le nom de « Société des études historiques », fut reconstituée, le 13 mars 1872 et reconnue d'utilité pu- blique le 3 mai de la méme année (i). Elle a publié depuis son origine : 1. Un recueil périodique qui eut 'de 1834 à 1840, le titre de Journal de rinstitut Jiistorique (12 voi. in - 8); puis, de 1841 à 1882, celui ^ Investigateiir (40 voi. in -'8) (2); qui a recu, en 1883, celui de Revtie de la Société des Études historiques. 2. Les Comptes rendus de six Congrès historiques tenus par elle de 1835 à 1843. 3. Un certain nombre de volumes isolés, publiés depuis 1897, ^^^^ ^^ revenu de la fondation Raymond (3). Sa première séance generale eut lieu le 23 mars 1834, sous la présidence de M. MiCHAUD, de l'Académie Francaise, assistè de M. de Monglave, secrétaire, en présence de trente-huit membres fondateurs, parmi lesquels figuraient: MM. Berton, de l'AcadémJe des Beaux-Arts; Bory de Saint - Vincent, de l'Académie des Sciences; BouLLAUD, de l'Académie de Médecine; de La Borde, de l'Académie des Inscrip- tions et Belles-Lettres; Geoffroy Saint-Hilaire, de l'Académie des Sciences; Jomard, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres; Andral, de l'Académie de Métle- cine; Ampère de l'Académie des Sciences ; De Jony, de l'Académie Francaise ; Michelet, de l'Académie des Sciences morales et politiques ; Ballanche, de l'Aca- démie Francaise; Lerminier, professeur au Collège de France; le comte Mosbourg, député; le baron d'EcKSTEiN; De Lamartine; Isambert, conseiller à la Cour de Cassation; l'abbé Guillon, évèque de Maroc; Laurentie, inspecteur general des études; le docteur Buchez, auteur de l'Histoire parlementaire de la Revolution francaise; Villenave, professeur d'histoire de France à l'Athénée royal de Paris, etc. (4). Voilà comment Achille Jubinal, secrétaire general de l'Institut Historique et membre du Corps législatif, nous décrit cette première réunion, dans le compte rendu de la séance publique du 3 avril 1859, pour célébrer le vingtcinquième anniversaire de la fondation de la Société : « Je me vois encore assistant à sa (i) Cette décisioii avait été sollicitée depuis le 6 mai 1855 à S. M. l'Empereur par le comte Reinhard, Vice- Président de V Institut Historique: V. V Investigateur T. V, S. Ili, 1855. (2) V. V Investigateur T. V, S. II, 1841 - Procès - verbal de l'Assemblée generale, 26 février 1841. (3) V. Bibliographie Generale des Travaux historiques et orchéologiques publiés par les Sociétés Savantes de la France par Robert de Lasteyrie et Alexandre Vidier. T. IV - Paris, Imprim. Nationale - 1904. Henry - Francois Raymond decèdè à Lagny le 17 octobre 1869, par un testament olographe, fit a l'/wj-^zVw/f le legs suivant: « .... vingt mille francs seront donne à Vlnstitut Historique, qui m'a fait l'honneur de m'admettre dans son sein... étre chaque année distribués en titre de prix aux auteurs des ouvrages ou mè- moires que Vlnstitut historique ]ugGra. convenable de mettre au concours ». V. V Investigateur T.IK, S. IV, pag. 320 an. 1869. (4) V. V Investigateur T. V, S. Il, 1845. - i8 — fondation. C'était le soir, dans une modeste salle de la rue Saint- Guillaume. Nous avions été'convoqués une trentaine d'amis des lettres, par MM. Michaud et EuGÈNE DE MoNGLAVE.... La délibération ne fut pas longue sur le fond. La France entrait alors dans ce mouvement archéologique qui honora les premières années du règne de Louis - Philippe, et le besoin se faisait sentir d' institutions spéciales, oìi les efforts particuliers des simples citoyens, pussent trouver un point d'appui, un centre d'encouragement que n'offrent pas toujours les corps administrativement constitués, En quelques heures, la réunion dont je vous parie et dont je tiens à honneur d'avoir fait partie, decida la création de notre journal (Journal de 1' Institut Historique), la publication de nos mémoires, 1' appel au public francais et européen par des com^^rès, dont le premier se tint à \ Hòtel-de-Ville, et enfin elle donna à notre Société ce noni ài! Institut Historique >. (i). Pour mieux donner une idée des sentiments qui animaient cette première réu"- nion et des motifs que chacun y apporta, nous ne pouvons mieux faire que d'em- prunter les paroles du présiden^t lui - mènie, l'illustre Michaud: « \J Institut Histoi'iqiie n'est point une Académie où les rangs soient marqués... Tous ceux qui se plaisent à l'étude de l'histoire sont admis à nos réunions.... Nous n'avons pas seulement appelé parmi nous les hommes éclairés de la capitale ; mais tous ceux qui .cultivent la science de l'histoire, en quelque lieu qu' ils se trouvent ; nous avons fait un appel à tous les pays, car chaque pays a ses monuments et ses traditions h'istoriques... Dans un tenips où tous les bons esprits semblent se diriger vers l'amélioration des sociétés, il est a remarquer qu'on s'adonne avec plus d'ardeur à l'étude de l'histoire, et nous devons nous en applaudir. L'histoire, n'est -elle paslachaine quilie les générations et qui nous transmet comme un héritage la sagesse de ceux qui nous ont précédés ?.... Un avantage des études historiques, c'est qu'elles finiront par donner à chaque société européenne une histoire qui deviendra un monument... Voyez ce qu'ont fait pour les chefs - d'oeuvres de la littérature francaise ces laborieuses recherches, cette prodigieuse érudition du XVP siècle ! Les travaux historiques du siècle présent ne doivent - ils pas réveiller de méme, un jour, la muse eloquente de l'histoire, et préparer les chefs - d'oeuvre des grands historiens qui viendront après nous ? » (2). Telles furent les idées qui présidèrent a la création de V Instittit Historique: elles furent le principe de l'institution; elles en déterminèrent les tendances. Dès ce moment les travaux de cette Société se succèdent sans interruption (i) V. V Investigateiir T. IX, S. Ili, 1859. (2) V. "L'Investigateur, T. V, II Sèrie, 1S45. — ig — et avec une regularité digne d'éloges. Elle tient. plusieurs congrès et quantìté de mémoires historiques, scìentifiques, littéraires, archéologiques, artistiques et lingui- stiques paraissent dans son Journal. Des médailles en or et en argent sont décer- nées aux auteurs des meilleurs mémoires admis aux difìférents concours; une desquelles en or de la valeur de 200 francs est assignée aussi a Cesar Caxtu, dans la séance d'ouverture du Congrès tenu à l'Hotel - de - Ville, le 16 mai 1847, pour son mémoire sur cette question posée par l' Institut mème : « Determiner le ca- ractère de la littérature italienne aux XIIP et XIV^ siècles, epoque de Dante et de Pétrarque » (i). Les Revues d'ouvrages deviennent toujours plus nombreuses et la correspon- dance et les échanges avec les autres corps savants francais et étrangers, pren- nent un notable accroissement. Et bien à raison E. de Monglave, secrétaire per- pétuel de X Institut, pouvait s'exclamer dans le Congrès historique du 1 1 septembré 1837: « Toutes les sociétés historiques de l'univers ont contraete des alliances avec notre Société. Nous accueillons et reproduisons les travaux de celles de Washington (Smithsonian Institution), de Palenque au Mexique, de Liège, de la Suisse romande, des Commissions royales de Londres, de Bruxelles et de celle de Turin » (2). Il faut ajouter, la Société des Antiquaires du Nord siégeant à Co- penhague, les Académies d'histoire de Barcellone, de Madrid et de Lisbonne; l'In- stitut Historique de Westphalie ; l' Institut historique de Rio - Janeiro; l'Archivio storico italiano de Florence; la Société des Ouirites de Rome; la Société des An- tiquaires de Zurich; l'Académie royale des sciences de Munich; les Académies de Berlin, de Goettingue et de Vienne et enfin l'Académie Imperiale des Sciences de Russie. Farmi les approbations nombreuses que l' Institut historique recut alors de toutes parts, on doit signaler celles de deux célèbres historiens MM. Thiers et GuizoT. Ce dernier, ministre de l'Instruction publique à cette epoque, s'exprimait ainsi dans le Monitetir du 13 janvier 1834: « J'espère que cette Société n'aura (i) V. l^'InvesHgateur T. VII - II. Sèrie, 1847; V. \J Investigateiir (Procès - verbaux 2 nov. 1842) T. II. - II. Sèrie, 1842: « Cesar Cantu niembre correspondant de la i.re classe. Sont nommès commissaires pour l'examen de cette candidature M. M. Carise. Nolte et Renzi »; V. \J Investigateiir (Procès - verbaux io dé- cembre 1843) T. III. - II. Sèrie, 1843: « M. Cesar Cantu, -de Milan, propose à la dernière sèance comme membre correspondant, est admis sur le rapport de M. Nolte ». A propos du mémoire ci - dessus, voilà comment s'exprimait le rapporteur M. Breton : « Les membfes de la commission ont ètè 'ètonnés d'y trouver un emploi vraiment remarquable des idiotismes et des finesses de la langue francaise. Ce qui les a frappés encore davantage, c'est, la connaissance de beaucoup d'anciens auteurs francais, qui dans notre pays mème ne sont guère connus que des personnes spècialement versèes dans les ètudes littéraires. L'auteur appuie ses assertions de citations qui dènotent des études sèrieuses et un savoir réel ». V. IJ lìivestigateur T. VII. - ^^ Sèrie 1847. Voir en oùtre l'aperru que A. Renzi donne sur ce mémoire, où la juste et savante critique, égale la profondeur de son raisonnement. V. \J Iiivestigateiir Tome citè pag. 212-15 (2) V. Journal de l'Institut historiqìie T. Vllme , 1837 pag- 61. — 20 — pas fait un vaìn appel aux amis de la science: je mlassocie à ses efforts ». Et plus tard, un autre ministre de l'Instruction, publique M. Salvpndy, non seulement approu- vait « tous les changements apportés aux status et adoptés dans les séances des 25 avril et 24 octobre 1845 ^^ (i) mais; dans une lettre adressée le 26 juin 1847 à M. le baron Taylor, président de \ Instihtt, il écrivait: « Je viens de mettre à la disposition de V Instiint Historique la somme de quinze cents francs, Je désire que vos savants collègues trouvent dans cette décision un témoignage de ma vive sym- pathie pour X Institut Historiqìie et les travaux importants qu' il poursuit » (2). Dans le mème temps, plusieurs souverains et princes de l'Europe acceptaient le titre de membres et protecteurs de cette nouvelle institution. Le roi de Sardaigne, le roi de Wurtemberg, le roi des Belges, le prince royal de Bavière, le prince de Prusse, le prince de Saundershausen, le prince de Schaumbourg-Lippe, les princes Louis et Jerome Bonaparte, l'empereur du Brésil, le grand-due de Toscane, le comte de Syracuse et enfin le Sultan de Turquie qui, en se déclarant protecteur de l' In- stitut, lui faisait don de vingt mille piastres pour donner à cette Société « une mar- que de son intérèt » (3). Tout cela se doit surtout à l'initiative de l'infatigable Renzi, qui n'épargnait aucun moyen pour faire toujours plus avancer cette noble institution. Farmi les hommes éminents qui ont fait partie de V Instihit Historique, il faut ajouter, à ceux que nous avons nommés et qui en furent en quelque sort les fon- dateurs, les suivants : Destut - DE - Tracy; Lemercier, de l'Académie Francaise; le comte De Lasteyrie, député; le due de Doudeauville ; le due de Choiseul; le baron ' Notret de Saint - Lys; M. de Salvandv, de l'Académie Francaise; Carnot, Merlin, Siméon ; Reinhard, de l'Académie des Sciences morales et politiques; Cherubini, de l'Académie des beaux - arts ; Chateaubriand, Lenoir, Martinez de la Rosa, le prince de la Moskowa, Villemain, Paschal - Stanislas Mancini, Augustin Thierry et d'autres. Cependat les événements politiques de 1848, semblaient ménacer l'existance de la Société et ce fait produisit dans ses membres une vive préoccupation, Les démissions du citoyen Lamartine des fonctions de président et de MM. Frissart et abbé Auger de vice -président, ajoutèrent de l'embarras. Mais Renzi, au contraire, ne se decouragea pas et se hàta, dans ces entrefaites, de sauver rinstitut. En effet, dans la première séance de l'assemblée generale du 31 mars 1848, il rendit compte d'une démarche qu' il avait faite avec le secrétaire general (i) V. \J Investigateur T. VI - Ile Sèrie 1849. (2) V. U bivestigateur Tome VII - II Sèrie 1847. (3) V. U Investigateiir Tome Vili - Ile Sèrie 1848; lettre de Rifat, ministre du Sultan, à M. A. Renzi, 7 mai 1848. — 21 et plusìeurs membres du Conseil, auprès du nouveau ministre de l'Instruction pu- blique. Le citoyen Carnot accueillit la Commission avec bienvfeillance et déclara « qu' il aurait fait tout son possible pour se rendre utile à l' Institiit Historique, dont il était membre depuis l'epoque de sa fondation » (^). . Et dans cette mème séance, après une longue discussion, Renzi fit décider qu' une assemblée extraordinaire aurait eu lieu le 7 avril prochain à l'effet. de re- nouveler le grand bureau. Après la visite à M. le ministre Carnot, une autre Commission, composée de huit membres du Conseil, de l'administrateur A, Renzi et du secrétaire general, sur la proposition de Renzi, se rendit à l'Hotel - de - Ville pour faire acte d'adhésion à la République, M, Buchez, maire adjoint, recut cette Commission. Un de ses membres, E, Deschamps, prit la parole en ces termes : « Citoyens gouvernants ; \ Institut Histo^dque, par la voix de sa Commission speciale, s'empresse d'offrir au gouvernement provisoire de la République son adhésion la plus complète, son concours le plus dévoué ». (2) Cette mème députation demandait en outre qu' on l'autorisàt à prendre le titre à' Institut Historique National. M. Buchez, au nom du Gouvernement provisoire, repondit ainsi : « Je vous remercie de l'acte d'adhésion que vous faites, et qui certainement devait ètre à l'avance dans vos intentions. Vous ne pouvez pas douter que la République ne s'occupe très - sérieusement des études historiques. Ces étu- des ont pour résultat d'éclairer l'avenir par le passe, de donner le véritable cachet à chaque nationalité. L'histoire est un élément précieux de la politique; elle a fait des progrès immenses dans ces derniers temps..,. La France a répandu la civilisation par l'enseignemet et vous ètes destinés à coopérer à cette oeuvre en choisissant des hommes capables d'enseigner les traditions du passe, pour montrer les devoirs du temps présent. Quant à la demande que vous nous faites de vous autoriser à prendre le tttre ài! Institut Historique National, nous ne sommes que gouvernement provisoire, et comme tei nous n'avons a^une autorisation de ce genre à donner » (3). En attendant,la séance extraordinaire du 7 avril venait d'avoir lieu. On renouvela le grand bureau. M. Buchez en fut élu président et \ Institut Historique conserva son titre ancien. Mais son état financier avait beaucoup souffert dans ceLte année. L'on proposa d'ouvrir une souscription et non seulement tous les membres qui étaient présents à l'assemblée generale du 28 avril s'empressèrent d'y faire inserire leurs noms; mais mème des étrangers firent preuve de dévouement envers 1' Institut (4). (i) V. \J Investigateur T. Vili - Ile Sèrie: Séances de V Institut Historique pendant les mois de Février, Mars, Avril et Mai 1848. (2) V. \J Investigateur de 1848 tome cité. (3) V. 1.' Investigateur de 1848 tome cité et Le Moniteur du 29 mars 1848. (4) V. \J' Investigateur de 1848, tome citè. — 22 Par ce moyen on put faire face aux besoins les plus pressants, et la Société flit mise en condition de continuer librement sa marche glorieuse. A partir de ce moment des amélìorations et surtout dans la rédaction du journal de la Société, deviennent nécessaires et c'est toujous de la part de Renzi qu' elles sont proposées. En effet. dans l'assemblée generale du 30 avril 1852, il a la parole pour exposer son projet arrèté dans le Conseil, qui consiste dans la distribution des sujets de mémoires et des rapports à faire, pendant 1' année, par les membres de V Instittd, et dans la lecture de tous les travaux que l'on s'est engagé à rediger. Cette proposition, qui amenait de grands avantages fut sur-le-champ adoptée, de mème que celle de donner plus d'étendue aux travaux et aux publi- cations de la Société. Nous voilà, en attendant, à la Séance publique du 3 avril 1859, c'est-à-dire au 25'"^ anniversaire de la fondation de V Instihit, dans laquelle M. de Berty, vice - président, pouvait justement affimer que: « Depuis un quart de siècle l' Institut poursuit avec persévérance, au milieu des bouleversements politiques et des chan- gements de tonte nature, le but utile que ses fondateurs se sont propose ; mais en jetant un regard rétrospectif sur la carrière qu' il a parcourue, il n'a pu oublier tout ce qu' il doit aux hommes éminents qui l'ont créé, aux souverains et aux princes qui l'ont honoré de leur protection, aux savants de la France et de l'étranger et aux zélés collaborateurs qui l'ont soutenu de leur concours éclairé » (i). Et pendant qu' en 1859 M. Poujoulat écrivait à Renzi: « J'ai vu \ Instihit à son humble berceau... il se recommandera au respect et à l'estime de la postérité » (2); M. DE PoNGERViLLE, de l' Académie Francaise, président de l' Instittit Historique, en 1865, affìrmait : « U Institut, encouragé par le succès, achèvera religieusement la tàche qu' il s'est imposée ». (3) Cette prophétie devait, en effet, s'effectuer car, dèsormais, l'existence de la Société, qui venait de prendre le nouveau nom de Société des étiides historiqties, était assurée. Le 3 mai 1872 elle était reconnue d'utilité publique et le beau songe de Angelo Renzi devenait une pure et durable réalité (4). (i) V. \J Investigateiir Tome IX - llle Séfie 1859. (2) V. 'L'Investigateiir. T. IX - llle Sèrie 1859: lettre de M. Poujoulat à Renzi p. 153. (3) V. UInvestigateiir, T. Vo - IVe Sèrie 1865. (4) Je regrette de n'avoir pu consulter ce que M. O. Gigli, redacteur du journal « Il Tiberino » écrivait à propos des premières années de V Institut historique. L'OEUVRE DE A. RENZI L'oeuvre de A, Renzi comprend des mémoires historiques et linguistiques; des rapports archéologiques; des articles d'histoire littéraire et quelques entrefilets de différents sujets. A la première et à. la seconde espèce appartiennent: La giierre de Spartac7is en trois campagites; la Vie politique et littéraire de Francois Salfi; les Mémoires sur les Archives historiques italiennes; les Cotzgrès scientifiqties des italiens; Pierre i^w^/^zW (necrologie), Le General José de San - Martin (biographie); V Histoire des Basques; M. de Vanderbach (biographie); Les Bohémiens; L^ Comte Des Fossez (biographie); La Républiqtie de Saint - Marin; V Abandon des enfants en Chine; Jeanne Dare; la Panification anciemie et moderne; Denis Foyatier (biographie); Francois Salfi (biographie): Le fleuve des Afnazones; V Histoire de Florence (par Jacopo Pitti); La Mer Morte (par Lynch); Le Royans; LJle de Sainte - Croix ; La Signora di Monza et son procès; Le camp de Cesar dans le pays des Andes; La langue des Otcolofs; Les Incas et la langue Aymara - Quichua; Les langties des Indiens du nord de lAmérique (90 idiomes); le Di ctionnaire general italien -francais; Le Polyglotte impromsé {Dìctìon- naire italien- francais -anglais); une Recension sur le Dictionnaire Arménien- Francais de A. Calfa. A la troisième: Peuples primitifs de ILtalie (par Poletti); La grotte de Collepardo; Momiments de tous Ics peuples (par E. Breton);. Fouilles de la mie Appienne; Con- fession sozcterraine de la Basilique de Saint - Marc de Rome (par Mgr. Bartolini); Les fotiilles de Cumes. — 26 — A la quatrième : Histoire de la poesie fraìigàise à Vépogiie imperiale et Les principales phases de la langiie italienne. A la cinquième: Aiialyse dti congrès d' Ediiìibourg de 18^0, le Percement de r isthme de Suez et la Description d'une petite machine géocyclique. De ces écrits, qui parurent la plupart dans V Investigatetir dépuis 1842 jusqu' à 1868, nous irons en donner une sobre analyse, des principaux du moins: La G^ierre de Spartactis, publiée par l'éditeur Fayolle en 1832, fut sugérée à Renzi par la belle statue de Foyatier, que l'on admire, mème aujourd'hui, aux Tuileries. L'importance de cette guerre, qui fut une des jdIus mémorables dans les anna- les de Rome, les souvenirs de ce héros extraordinaire, de cet homme opprime, enchainé, n'ayant pour lui dans son néant que l'aide de ses propres forces et son talent pour les diriger, lui ont fait puiser, dans les ouvrages les plus célèbres de Salluste, Plutarque et d'autres, tous les faits isolés les plus authentiques et leur donner la forme d'un récit historique, avec l'ordre et l'esprit qui leur appartient. • « Ce titre: U art d'écrire les lajigties sans les apprendre, m'avait frappé » écrit E. Garay de Monglave, dans son analyse du Polyglotte Improvisé (i). « Il me rappelait involontairement ceux de beaucoup de livres de science qui suivirent l' in- vention de l' imprimerle; titres prétentieux, entachés mème quelque peu de charla- tanisme, bien que les ouvrages auxquels ils servent d'étiquettes renferment souvent d'excellentes choses. Je voyais avec peine ce retour à un passe déjà loin de nous, car, je l'avouerai franchement, j'ai peine à me faire a cette reconstruction systé- matique d'un monde qui n'est plus, tentée journellement par de jeunes esprits qui rougiraient d'ètre de leur siècle. Cependant la connaissance que j'ai depuis longtemps de là personne et des travaux de M. Renzi, ce que je sais de sa consciencieuse et opiniàtre éruditioìi, l'amitié qui le lie à notre grave Foyatier, à cet artiste tout d'une pièce, dont il fut le premier à saluer, par un écrit parfumé d'antiquité, le Spartacus, cet événement des temps modernes; tout s'unissait pour me rassurer sur cette première impression, et pourtant, malgré moi, toujours je me surprenais à me dire: L art d'écrire les langties sans les apprendre ! Ohi cela ne se petit pas. Tandis que mon esprit se révoltait de la sorte contre une idée brute qu' il ne se donnait pas la peine de creuser, l'envie me prit de feuilleter la préface du livre. Il en est tant qui ne disent rien ! celle - ci, peut - ètre, me révélera quelque chose. L'auteur tient à son titre. Tant mieux: j'aime les hommes qui ont le courage de leur opinion ». « Ce titre - dit M. Renzi - exprime parfaitemént le caractère et (i) Le Polyglotte Improvisé (langue des signes) Dictionnaire Italien - Franrais - Anglais par A. Renzi. Un gros volume in - 12 de 1000 pages. A Paris, chez Baudry; à Florence, Molini; à Turin, Bocca; à Rome, Merle; à Bruxelles, Jomar; à Londre, Rolandi; à Genève, Cherlubiez; à Lyon, Dourtier, et à Milan, Vienne, Moscou, - 27 — le but de mon ouvrage. Sa forme inusitée était corrrmandée par l'usage auqiiel je le destine. Il n'y a personne qui n'ait senti la nécessité de posseder un moyen quelconque; mais prompt, immédiat, de communiquer ses idée, d'exprimer ses besoins dans une langue qu' il n'a pas le temps d'étudier. Etudier à fond une langue, c'est se préparer bìen des ennuis, bien des dégoùts, pour un succès fort incertain. L'exercice pra- tique et journalier par lequel on apprend passablement sa langue maternelle, n'est point applicable aux langues étrangères. Et puis, comment espérer de soumettre au joug uniforme de l'étude cette multitude que la dissipation ou l'intérèt agglomère pour si peu d'instants, et qui se disperse ensuite sans espoir de retour ? Ce qu' il faudrait dans le monde, ce serait comprendre au premier aspect un idiome inconnu, et traduire ses pensées dans cet idiome, sur-le-champ et sans étude. » « Voilà le grand problème que M. Renzi a entrepris de résoudre; et déjà la franchise, la netteté, la modestie mème de son titre sauté aux yeux des plus incrédules » . « On peut au moyen de sa langue, dit - il, comprendre et écrire une langue étrangère sans l'avoir apprise. L'exécution est possible par la disposition des mots et des rapports qu' on établit entre les langues » . « L'auteur n'est pas partisan des dictionnaires que nous possédons. Suivant ' lui, il n'y a pas d'homme qui se soit adonné à l'étude des langues sans avoir acquis la certitude de la parfaite inuLilité de .ces dictionnaires avant de savoir une seule lano-ue étrangère. Une pensée a toujours domine les auteurs dans la classification de leurs matériaux; ils ont toujours voulu faire passer la théorie avant la pratique. M. Renzi procède en sens inverse. Il veut que tout le monde puisse se servir de son dictionnaire avant d'avoir appris, c'est - à - dire, pour apprendre et pour se faire comprendre à l'instant. La richesse, l'abondance des mots n'est, suivant lui, utile qu' aux savants. Ce qu' il faut au vulgaire c'est la traduction fidèle de la langue usuelle, de la langue parlée sur tous les degrés de l'échelle sociale, dans chaque peuple. L'auteur reconnait la difficulté d'écrire les langues étrangères selon leur genie qu' « on n'arrive, ajoute - t - il, à bien posseder qu' à condition d'oublier celui^ de sa propre langue ». « Aussi, n'est - ce pas sans raison qu' on a dit qu' autant de fois un homme parlait une langue nouvelle, autant de fois il était homme ». Un grammairien habile, N. Boussi, résumé ainsi le livre de Renzi: « Il est évident que l'auteur ne prétend enseigner, ni à parler, ni à écrire littérairement les langues étrangères, puisqu' il pense qu' 071 fi'arrive à cn posseder le genie qu à conditioìi doiiblier celni de sa propre hmgue. L'art qu' il nous présente, est celui d'écrire les langues sans les apprendre. Ce n'est point aux savants qu' il s'adresse, ce n'est pas mème à ceux qui se proposeraient de le devenir; c'est à ceux qui n'en ont ni la volonté, ni le loisir. Il dit à celui qui voyage à l'étranger, à celui qui a besoin d'y correspondre: ouvrez le Polyglotte impromsé, et vous y trouverez la traduction tonte faite de votre pensée. Il ne s'agit pas d'écrire plus ou moins — 28 — . élégamment, plus ou moins correctement mème, en italien, en anglais, en francais; mais tout simplement d'écrire de facon à se faire comprendre, à peu près, comme font tous les étrangers quand ils se trouvent dans un pays qui n'est pas le leur, et qu' ils se figurent en parler la langue. A y regarder de près, ce résultat, réduit à sa plus simple expression, pourrait bien ètre de majeure importance. Il suffit de le considérer du point de vue utilitaire.... Mais, ne paraitra - 1 - il pas étrange que ce soit précisément un professeur de langue qui vienne dire qu' on n'apprend jamais qu' imparfaitement une langue étrangère; qui, mettant de coté tonte sa science, le fruit des travaux, des mom- breuses recherches de toute une vie, déclare, sans plus de facon, que, du moins dans les circostances habituelles de la vie, il suffit de s'exprimer tout juste, assez bien pour se faire comprendre? C'est qu' il y a deux manières de s'occuper de l'étude des langues: l'une, pour les approfondir et les perfectionner; l'autre pour les vulgariser. Il est quelque savant qu' une active passion du bien public conduit de la première à la seconde; ce ne sont pas les plus mombreux, mais ce sont les plus dévoués, les plus désintéressés de gioire personnelle. De tous les mérites c'est le plus difficile et le plus estimable. Il est juste et utile de le reconnaìtre et de le proclamer » (i). Voici le relevé des divisions qu' embrasse le dictionnaire de A. Renzi : Tableau de phrases élémentaires composées avec des verbes, des pronoms et des négations; Conjugaison des verbs en italien, en francais et en anglais ; Dizionario italiano - francese - inglese; Dictionnaire francais - anglais - italien; Dictionary english - italian - french ; Supplément au dictionnaire : armée de terre, monture d'une arme à feu, hommes de guerre, marine, hommes de mer, commerce, noms de nombre, m.onnaies de tous les pays avec leur valeur; Table des verbes francais; Index of english verbs. « La méthode de l'auteur — écrit Joèl Cherbuliez dans la Rezme critigue des livres 7iGnveatix (VIII^ année, N. 3; 1840) — consiste, on le devine sans peine, à donner, sous forme de dictionnaire, la conjugaison de tous les verbes, avec les locutions usuelles qui s'y rapportent; puis, un vocabulaire contenant tous les mots dont on a le plus fréquemment besoin. Son livre fournit ainsi tous les éléments de la phrase. On y trouve un tableau comparatif, une espèce de concordance perpétuelle qui vous initie aux trois langues mises en présence, bien mieux que ne le feraient toutes les grammaires. Ce procede ne saurait sans doute s'adapter à des langues •dont la construction phraséologique différerait essentiellement; mais aux trois idiomes que M. Renzi compare, on pourrait ajouter l'espagnol et le portugais. Un autre dictionnaire du mème genre serait consacré aux langues germaniques; un troisième aux langues slaves, et, de cette manière, la connaissance de trois lano-ues suffirait (i) \\ Journal de la latigue frangaise et des langues en getterai; 146 année, Ille sèrie, N. 4 - avril 1840. — 29 pour donner la clef de toutes celles qu' on parie en Europe. — En se livrant à ce travail, l'auteur, entrainé par le désir de simplifier encore les rapports des diverses parties de son livre, et de rapprocher toutes les langues par un interprete commun, a essayé de créer une langue des signes qui fùt intelligible pour tous. Ce n'est pas le premier essai de ce genre qui ait été tenté ; mais celui - ci n' est pas le moins ingénieux. M. Renzi ne prétend pas représenter les idées par des signes, à la mimique seule, à la langue des sourds - muéts, au langage de la nature, le monopole de ce privilege et la solution du problème d'une langue universelle, si lono-temps cherché par les savant du dernier siede ! Le but plus modeste de notre auteur est d'employer seulement ces signes comme une espèce d'index qui conduit dans son livre aux mots et aux phrases qu' ils remplacent. Ils sont inscrits en marge et répétés, dans le mème ordre, à chaque page, de telle sorte que chaque signe, surmonté du chiffre de la page, suffit, pour indiquer ce qu'on veut exprimer, et devient facilement intelligible pour le lecteur qui possedè le Poly gioite improvisè » . « Ces sio-nes ne s'élèvent pas au - dessus de dix-neuf, dont quatre seu- lement sont répétés quinze fois devant les soixante lignes qui composent la page ; mais ces quatre signes, toutes les fois qu' on les répète, sont précédés d'un autre sifone bien distinct et il en résulte autant de combinaisons différentes de signes qu' il y a de lignes dans la page. Cette disposition de signes se trouve reproduite à toutes les pages du livre; il n'y a de changé que le numero de la page. L'emploi de ces signes m'a semblé clair, prompt, facile. C'est un accessoire fort utile du livre de M. Renzi. Quant au principal, c'est - à - dire au manuel lexique, il m'a paru s'approprier parfaitement à l'usage de ceux qui veulent apprendre sans maitre. Sous ce rapport, le Poly gioite improvisè offre de grands avantages, et nous ne doutons pas que l'xpérience ne confirme l'espoir qui a soutenu l'auteur dans son rude et minutieux travail. Pour le mener a bonne fin, il a fallu autant de patience, d'ordre et de goùt, que d'érudition et de science » (i). L'article sur Le fletive des Amazones a pour but l'entreprise de la navigation du plus grand fleuve du monde. D'abord il décrit le cours du Maragnan appelé Fleuve des Amazones par le capitaine espagnol Orellano, qui le descendit au XV' siede et de ses afifluents tels que VAcayale, le Beni, le Mcwioré et Vltenès. Ensuite il parie de ses principaux explorateurs: Haénke, Malaspina et d'Orbigny; de la richesse et de la fertilité du sol baigné par cette immense rivière et donne des détails historiques à l'égard du gouvernement Portugais et Espagnol qui, à cause de leurs jalousies, suscitèrent la revolution et la guerre civile, en privant de toute relation extérieure et de tout rapport avec la civilisation, le bassin de \ Amazone. Et après avoir mis en évidence, (i) V. \: Investigateur T. XII - 1840: Analyse du Polyglotte improvisè par Eug. Garay de Monglave. — 30 — avec de justes reflexions, tous les avantages qui pourraient resultar de Temploi de la navigation à la vapeur dans les larges bras de ce vaste bassin, il conclut: « Outre les richesses nouvelles que le commerce, qui est éminemment civilisateur, puiserait dans ces Communications, nous ne devons pas passer sous silence les avantages qui en résulteraient pour la science historique, pour la linguistique, pour les sciences et pour les arts. On approfondirait avec succès les idiomes des nombreuses peuplades qui habitent les bords de l' Amazone ; on étudierait tous ces monuments qui les entourent,. et dont les ruines attestent, chez les nations indigènes retombées dans la barbarie, une civilisation d'une haute antiquité » . Et pour accomplir une de ces hautes missions civilisatrices il s'adresse à la France « qui sait répandre ses bien- faits partout où son contact se fait sentir » (i). \J Histoire de la poesie frangaise à Vépoqiie imperiale, c'est un exposé par ordre de genres de ce que les poétes francais ont produit de plus remarquable depuis la fin du XVIIP siècle, jusqu' aux premières années de la Restauration par M. Bernard Jullien et dont le nótre en a fait le resumé. Voilà comment il s'exprime: « M. Jullien, écrit - il, a fait l'analyse critique de six cents ouvrages, par là ont peut se faire une idée de la quantité de notions qu' il a ressemblées dans son histoire. Tout l'ouvrage est fait dans le mème esprit et avec une analyse cosciencieuse de tous les ouvrages importants dont il parie. Non con- tent d'en faire connaitre exactement le pian et les principales divisions, il en cite des passages choisis et ce n'est qu' après avoir donne au lecteur tout ce qui lui est nécessaire pour se faire une opinion sur l'oeuvre analysée, qu'il prononce lui - mème son jugement, laissant ainsi à chacun le droit de le casser, s'il n'est pas convaincu de sa justesse. Ainsi, ces jugements mèmes fussent - ils controversés, on a toujours, dans ces deux volumes, le reievé de ce que la poesie a produit de meil- leur en France pendant les quinze ou les dix - huit premières années de ce siècle. C'est donc, au point de vue historique, un ouvrage tout à fait important.... Nous aurions clos ici ce rapport si nous n'avions pas jugé à propos de soumettre aux lecteurs une réflexion qui nous a paru de quelque importance en un tei sujet ». Et, après avoir considéré que « l'Empire est une epoque toute brillante de gioire et de renom pour la nation francaise » il se demande comment se fait - il que, panni tant de poètes, il n'y en ait pas un seul qui ait essayé de chanter la gioire de la France. « Le récit de tant de faits héroiques - ajoute - 1 - il - aurait du suffire pour échauffer l'imagination la plus glaciale » et reportant alors son esprit au delà des Alpes, où il semble que ce róle ait été réservé aux poètes italiens, il parie des chants, pleins de beauté et d'energie, sur la bataille de Mareno-o et le siège de Gènes par Gianni, poète attaché a la cour imperiale, et après avoir touché (i) V. l^'Invesiigateur T. III. — 1843 pag. 233. — 31 — à la Mascheroniana de Vincenzo Monti, « qui a chanté sur une lyre sublime les lauriers cueillis par les Francais » il examine un chant de ce « sublime poète » intitulé VEpée de Frédéric le grand, qu' il dedia à la Grande - Armée. De cela il conclut que « les poètes italiens, tout en puisant dans les mouvements guerriers de cette nation des sujets capables d'exciter et de nourrir leur imagination ardente, ont élevé la littérature italienne au plus haut degré de sa splendeur » . Il fait des éloges à M. B. Jullien pour tant de matériaux arrachés à l'oubli où ils allaient se perdre; pour le talent qu' il a mis dans ce livre et surtout pour son « infatigable persévérance ». Dans La confession souterraine de la Basilique de S. Marc de Rome, le nótre, après avoir illustre l'ouvrage de Mgr. Bartolini par des notices empruntées à l'histoire religieuse sur la signifìcation de certains emblèmes et de quelques sym- boles existants dans l'Église primitive et conservés dans l'Église moderne, mais avec une signifìcation tout autre; après avoir donne en peu de mots, mais dans une forme simple et assurée, des renseignements pleins d'érudition artistique, historique et archéologique sur l'oeuvre du savant Mgr., il se félicite avec lui de sa découverte et l'encourage à poursuivre dans ses études « si utiles à l'histoire sacrée et profane ». Le livre de M. E.' Breton, « Momiments de totLs les petiples » est un classe- ment chronologique des monuments de tous les peuples, c'est - à - dire une histoire abrégée de l'architecture chez les différentes nations anciennes et modernes. Le nótre, après avoir relevé que l'auteur, pour atteindre son but, a mis à contribution les nombreuses monographies qui ont paru en France, en Angleterre et en Allemagne, rend compte, dans une manière vraiment consciencieuse et savante, de cet ouvrage, traduit déjà en italien, en allemand et en russe. Et pour ne pas citer tout ce qu' il à écrit sur cet argument, nous nous bornérons à reproduire ses conclusions, bien surs qu' elles sufftront à faire juger et apprécier toutes les idées qu'il a exposées dans ce compte rendu. «.... L'auteur, dit - il, par une analyse serrée et bien faite, a rendu son ouvrage fort intéressant. D'ailleurs les nombreuses gravures ajoutées au texte, et si agréables à l'oeil, viennfent au secours du lecteur intelligent. Les monuments des Indous (i), quelque grands, quelque magnifiques qu'ils soient, ne sont pas entourés de ce prestige du beau, de l'idéal, attaché aux monuments grecs et romains; pour les noms de la mythologie, Jupiter ou Mars.Jtmon ou Véms, la tonte - puissance du pére des dieux, la force, la sagesse, la beante, représentées dans la statuaire par le genie des Grecs, sont tout à fait (i) C'est à ces monuments que Renzi s'est interesse le plus. _ 32 — io-norées des Indous, Leurs idoles sont ce qu' il y a de plus laid dans l'art et de plus choquant au milieu des temples magnifiques élevés en leur honneur. Ce qui frappe surtout dans l'examen des monuments de l'Inde, c'est cette profiision de temples et de richesses, cette grandeur colossale des proportions/sans que rien indique clairement la cause qui a produit tout cela. Elle tient assurément au sentiment religieux et a l'organisation sociale des Indous. Il parait que ces peuples, avant de subir la domination des conquérants, ont embrassé l'esprit contemplatif qui a détruit leur activité.... source première de tant de misères et de servitude.... Il faut étudier la mythologie des Indous pour com- prendre leur architecture. Leurs livres sacrés, où tout est gigantesque, où la terre se confond avec le ciel, ressemblent, pour ainsi dire, a leurs monuments et en sont la meilleure explication ». La Grotte de Collepardo est plutót qu' une notice, un résumé que le nótre fait des lettres de M. D. Santucci sur ce sujet. « Ce qu' il faut remarquer, écrit - il, dans la description de cette grotte ad- mirable formée de stalactites et de stalagmites aux contours les plus bizarres, c'est la vivacité et la nettété du style qui ont permis à l'auteur de reproduire, avec une vivace fidélité, les impressions. que donnent à la fantaisie ces objets pétrifìés semblables à des forèts de (^rès, de palmiers; à des bustes et à des statues de l'aspect le plus varie et de décrire au vif tant de monuments que la nature étale avec profusion par son travail lent et merveilleux » . A cela, on doit ajouter le but scientifique toujours soutenu par le nòtre dans tous ses écrits. Et après avoir parie de la découverte d'une mine d'or qui parait ètre très - riche, faite non loin de Collepardo; mais restée oubliée, et de l'exhumation de corps humains au - dessus de la grandeur ordinaire complètement pétrifìés, il s'adresse aux hommes de la science pour qu' ils veuillent étudier ces phénomènes « dont la connaissance peut ètre d'uhe grande utilité ». L'article sur « Les congrès scientifiques des italiens > c'est un mémoire dans lequel le nòtre fait, en abrégé, l'histoire des congrès qui ont eu lieu en Italie depuis celui de Pise, qui remonte à 1839 et qui fut le premier, à celui de Naples qui allait se devolopper pendant que l'auteur écrivait ces impressions. Après avoir pkrlé de l'utilité de cette noble institution, il examine l'oeuvre de. ces réunions de savants, de « ce nouveau pouvoir tout pacifique qui, né d'hier, fait tomber déjà les barrières de la politique, et devient, du consentement de tous, le centre et le foyer de la vie intellectuelle de l'Italie ». Pendant qu'il fait des éloges à M. Lynch, à ce marin bardi, pour son explo- ration de la Mer Morte, il regrette que les Francais n'aient réalisé cette entreprise à cause surtout de la faveur peu généreuse du gouvernement vers la Société de Géographie et vers toute expédition scientifique. Après il touche à l'expédition — 33 — presque simultanee du malheureux lieutenant anglais Molyneux (23 aoùt 1847). Il résumé, en nous donnant un récit plein de vivacité, la relation de M. Lynch; le rapport de M. Maury, directeur de l'Observatoire de Washington et celui de M. JoMARD à la Société de Géographie et conclut, dans l'intérèt de la science, avec une digne appréciation sur l'importance des travaux auxquels se livre cette Société. Un préjugé qu'on ne s'avoue pas; mais qui n'en est pas moins general, fait regarder la composition d'un Dictionnaire comme une spéculation, et il est rare qu'on donne à son auteur d'autre mérite que celui du dévouement et de la patience. Ouelque commune que soit cette injustice, il se trouve, néanmoins, des hommes sérieux et capables, qui se montrent moins ingrats et plus équitables, qui savent apprécier ce qu'un bon dictionnaire SL,coùté de temps de recherches, de discer- nement; ce qu'il suppose d'érudition, de tact, de littérature et mème de connais- sance dans les sciences et les arts. Un bon dictionnaire non seulement est un moyen et un instrument de progrès; mais il est un progrès lui - mème et une phase dans l'histoire des lettres. Un des meilleurs livres de. ce genre est, sans contredit, le Didionìiaire General Italien - Frangais de A. Buttura entièrement refait par A. Renzi (i). Dans une savante préface, le nótre présente d'abord comme un tableau synop- tique de la langue et de la littérature italiennes, de leur développement en general et de leur état actuel en France. C'est une transition à la nomenclature ou plutòt à une simple indication des ouvrages qui en ont été les principaux éléments, c'est - à - dire des dictionnaires les plus connus et les plus remarquables. Pour faire apprécier un ouvrage de ce genre, le moyen le plus court et le plus sur, est d'en faire connaitre le contenu et la disposition. Voici, d'abord, ce que contient ce vocabulaire : Plus de trente - neuf mille mots littéraires et usuels indiqués par des signes particuliers. Cinq cents mots- des classiques et particulièrement du Dante. Les termes .de sciences, d'arts, etc, presqu'entièrement omis par tous les lexicographes. Les participes, les augmentatifs, diminutifs et superlatifs. Le genre de tous les substantifs. Les terminaisons irrégulières des substantifs et des adjectifs des langues italienne et francaise. La conjugaison des verbes irréguliers. Quinze mille exemples avec citations des auteurs. (i) Gros voi. in S» de 1279 pages à 3 colonnes chez Baudry à Paris (deuxième édition) 1861. - 34 — Les locutions proverbiales communes aux deux langues. Les termes de géographie. Voici l'ordre suivi dans la rédaction des articles : on trouve d'abord le sens propre, puis le sens figure et métaphorique, suivis chacun d'exemples justificatifs; ensuite les locutions spéciales et les idiotismes ; enfin les acceptions qui sont consacrées à quelque usage particulier. Ainsi à l'adjectif manesco, qui ne peut se traduire directement en francais, on trouve successivement le sens propre qui est tout ce qui concerne l'action de la main, puis les sens étendus: prompt ou léger de la niaiìi; adroit de ses mains; qui est à la portée de la main, ou sous la main. Ainsi au mot lupo on trouve d'abord la traduction littérale, puis les diverses d^ceptions du mot loup, nombreuses en italien comme en francais. Ony volt, ensuite, l'expression proverbiale: A carne di lupo, zanne di cane; -traduite non pas littéra- lement à chair de lotip, deiits de chien; mais le proverbe correspondant en francais: Telle viande, tei couteati et le reste de l'article, qui ne comprend pas moins de vingt - quatre lignes, est rempli par des citations propres aux acceptions variées. Dans sa préface, le nòtre s'excuse de ce qu'il va nous dire en protestant qu'il ne veut point faire incursion dans le domaine de la littérature: or, cette préface est un intéressant morceau de littérature, dont nous ne pouvons nous passer d'en citer les meilleurs points: « Vers la fin du XVIIP siècle, écrit-il, la littérature francaise exerca une influence notable sur la langue italienne et plusieurs écrivains comme Baretti, Beccaria, Filangieri, Bettinelli, Cesarotti, et peu après Gioia, y transportèrent non - seulement l'esprit philosophique, mais encore la logique et la clarté des écrivains francais de cette epoque.... Venons maintenant à l'étude de la langue et de la littérature italiennes en France. Cette langue, étudiée pour le besoin des Communications par les nombreux Francais répandus en Italie au temps de l'Empire, restait étrangère au reste de la nation. Cependant les rapports con- tinuels entre les deux peuples ne laissèrent pas de préparer un terrain favorable et qui, cultivé par quelques hommes habiles, produisit bientót d'excellents fruits. L'étude de l'italien en France commenca aussitót après la chute de l'Empire. Très - bornée d'abord, elle prit peu à peu un développement considérable. Ouelles en furent les causes? Nous croyons les retrouver dans ce mouvement general qui porta les esprits vers l'étude des littératures étrangères sous la Restauration; dans l'enseignement du professeur Biagioli; (i) dans s@s travaux sur Z)^;//^, Pétrarque, (i) JosAPHAT Biagioli, philologue renommé, né à Vezzano près de Sarzana. A sa dix - septième année, il était professeur de littérature grecque et latine à l'Université d'Urbin. Lors de la Republique Romaine, il fut nommé Préfet; mais en 1799 il abandonna l'Italie pour suivre l'Armée francaise. A Paris, il fut nommé professeur de langue italienne au Prytanée et lorsqu'on supprima sa chaire, il donna des lecons privées qui lui procurèrent un grand succès. Il mourut le 13 décembre 1830 à Paris. Il composa une Gram- maire raisonnée de la laìigue francaise et italienne, smW\& d'un Traile sur la poesie italienne. Il publia en outre quelques oeuvres classiques italiennes enrichies de gloses. comme les Lettres du cardinal Bentivoglio, 1 e OD Boccace etc; enfin dans la publication des meilleurs aiiteurs des différents siècles par BuTTURA (i). Mais le goùt pour cette langue n'est devenu general qu'après la publication des Fiancés (I Promessi Sposi) de Manzoni et de Mes Prisons (Le Mie Prigioni) de Silvio Pellico. Ces deux ouvrages, dont les éditions sans nombre se sont répan- dues dans presque toutes les classes de la société, ont exercé une influence merveilleuse et singulièrement développé la connaissance de la langue italienne.... Cependant on n'avait pour répondre à ces heureuses dispositions que des diction- naires abrégés et grossièrement imparfaits.... Parmi les dictionnaires, celui de BùTTURA était regardé comme le moins imparfait; mais bien loin de satisfaire aux besoins nouveaux, il suffisait encore moins à donner l'intelligence des auteurs classiques publiés par l'auteur. C'est pour combler ce vide que qous avons entrepris de le refaire C(ìmplétement sur un pian nouveau ». Il donne en outre une liste des principaux verbes qui n'ont point de correspondants en francais et cette liste est très - nombreuse, surtout à certaines lettres. « Nous nous sommes efforcé, ajoute - 1 - il, de traduire toujours le mot italien par le mot propre francais; mais il n'était pas en notre pouvoir d'inventer des correspondants pour plus de mille verbes et pour presque autant de parti- cipes et d'adjectifs qui en derivent. Nous avons dù les traduire par des périphrases » (2), Ainsi le Dictionnaire de Buttqra a été enrichi par le nótre de 38902 mots et ce livre a lui coùté six années d'un travail assidu et consciencieux. Le Royaìis ou Pont - en - Royans c'est une brève analyse d'un livre de M. l'abbé A. Vincent qui a pour titre : Lettres historiques stir le Royans. Dans cette pièce Renzi complète l'histoire de ce pays qui eut l'honneur de posseder, pendant le moyen - àge, un chàteau dont il en reste des ruines et où fut enfermé le prince Zizim, frère de Bajazet, lorsqu'il vint demander son secours au roi Charles Vili, pour revendiquer ses droits au tròne de l'empire ottoman. Il nous parie de la vie politique et civile des Royannais depuis le XI^ siècle, epoque la Trinuzia de Firenzuola, Les vers et les proses de Buonarroti. Ses écrits les plus importants sont les commentaires de Dante et de Petrarque, publiés à Paris et insérès par Silvestri dans sa Bibliothèque choisie des ouvrages italiens. V. Nouvelle Encyclop. Popul. Ital. - Turin, Union Typ. Edit. (i) Antoine Buttura, littérateur italien, né en 1771, mort à P.aris en 1832.. Il se rendit à Paais après le traité de Campo Formio; devint plus tard archiviste au ministère des relations extérieures du royaume d'Italie, puis consul en lUyrie de 1812 à 1813. De retour à Paris, il fut attaché au bureau des traductions' au ministère des affaires étrangères et occupa une chaire à l'Athénée de 1S17 à 1827. On lui doit, outre des Poésies (1811); Essai sur l'histoire de Venise (1815); Tableau de la littérature italienne (1819); un Poème sur la Grece (1825); un Dictionnaire francais -italien et italien - francais (1832) très-estimé; etc. Il a publié, en outre, la Bibliothèque des poètes et des prosateurs italiens. V. Nouveau Larousse illustre -^ Nuova Enciclopedia Popolare Italiana Voi. III. — V. Garollo, Diz. Biog. Univer. Voi. I, U. Hoepli - Milano 1907. (2) Préface au Dictionnaire General pag. v. - 36 - dans laquelle, pour la première foi, le pays de Royans recut de l'évèque de Grenoble, Artand, une Charte (Charta de Royano). Il décrit le caractère de ces habitants, leurs sentiments de patriotisme et de liberté et après avoir soumis à l'appréciation des archéologues bien des matériaux importants (débris de mosaique, des tuiles, des nombreuses médailles, des inscriptions qui viennent confirmer l'opinion que les Romains ont domine dans ce lieu) il fait à M. Vincent la remarque suivante: « Nous aurions désiré plus de méthode dans l'exposé des faits dont il est question »; mais, du reste, il confirme que « le style est simple et sans prétention » et qu' « il a tout le mérite, d'un style épisto- laire: correct, élégant, et facile... dans les descriptions il est net et pittoresque comme les sites qu'il décrit ». Dans « U Album » (journal de Rome, N. 29, an 185 1) M. A. Jacobini, avait donne des détails fort étendus sur les fouilles que le gouvernement de Rome avait entreprises sur la voie Appienne, au mois de décembre 1850. Renzi, saisissant cette occasion, donne dans « L'Investigateur » une courte analyse de ce rapport, dans l'intérèt de l'art et de l'archeologie et après des considérations, certainement très - importantes, à l'égard de l'art des Romains, voici comment il conclut:... « La restauration des monuments élevés sur la voie. Appienne dans une si grande étendue, formerà une espèce de musée qui pourra ètre utile aux études des beaux - arts, de l'histoire et de l' archeologie; études qui auront pour base trois époques bien distinctes qui se seront succede dans la période de dix siècles. On pourra apprécier l'art dans ses formes modestes au commencement de la République; son développement et sa grandeur entre la fin de la République et le règne d'Auguste; sa décadence, a la fin de l'empire d'oc- cident. Cette dernière epoque fournira des enseignements qui ne seront pas perdus ». A propos de la recension du Dictionnaire Arménien - Francais par A. Calfa, nous nous bornerons à reproduire les mots de Renzi lui - mème: « Depuis plus de vingt ans cet ouvrage manquait aux traducteurs com.me aux Arméniens qui se livraient à l'étude du francais. Il était donc aussi impatiemment attendu par Ics Orientaux eux - mèmes. Tous, jusqu'a ce jour, avaient reculé devant les difficultés que leur présentait l'accomplissement d'un semblable travail et c'est à des soUicitations pressan'ucs et qui lui furent adressées de tous còtés que M. Calfa dut céder en se mettant courageusement à l'oeuvre. Ce n'est pas une oeuvre ordinaire, en effet, que ce Dictionnaire arménien - francais. Prive de tout secours étranger, prive mème de celui dont les auteurs de ce genre d'ouvrages usent et abusent, mème ordinaì- rement, avec si peu de réserve, c'est - à - dire de dictionnaires analogues faits par des devanciers, M. Calfa a du reprendre en sous - oeuvre les vocabulaires si défectueux et si incomplets de Petit - Delacroix et de F. Aucher; redresser la plupart des explications; compléter les significations; compulser les principaux - 37 — auteurs arméniens poiir éviter les omissions ou les fausses interprétations, etc. Plusieurs années devaient ètre entièrement consacrées à cet immense travail et M, Calfa s'est acquité de cette tàche avec une persévérance, un courage digne d eloge et avec un talent dont il avait, du reste, donne d'incontestables preuves dans ses travaux antérieurs » . La Signoì'a de Monza et son Procès, n'est qu'un recit bien ordonné, resumé dans 43 chapitres, du procès qui avait été instruit en 1608, par le tribunal crimi- nel de l'archevèché de Milan, à l'égard de Soetcr Virginie Marie de Leyva. On sait qu'à la fin du XVI"^ siècle, un monastère célèbre servait d'asile à des filles appartenant aux plus grandes familles italiennes : c'était celui des religieuses de Sainte - Marguerite de Monza, dites Bénédictines humiliées. Il avait survecu à l'abolition, prononcée par Pie V, de l'ordre régulier des Frères Jmmiliés et il avait dù ce privilège à la bienveillante protection de Saint Charles Borromée, La ville de Monza, située à quelques lieues de Milan, avait été, en 1531, érigée en fief, par une convention passée entre Charles V et Francois II, huitième due de Milan, au profit de dom Antonio de Leyva qui, dès l'année 1502 et en récompense de brillants faits d'armes, avait été nommé prince d'Ascoli et de Monza. Son fils, dom Martin de Leyva, eut une fille, nommée Virginie qu'il destina, avant mème qu'elle vint au monde, à passer sa vie dans le couvent de Saint - Marguerite. En effet, en 1595, Virginie -Marie de Leyva, (dans « Les Fiancés» de Manzoni, Gertrude) ■sXox's, agée de vingt ans, resplendissante de jeunesse et de beante, prononca ses voeux et s'enferma dans le monastère de Sainte - Marguerite de Monza. Toutefois, son rang et sa fortune lui assuraient, mème dans l'interieur du couvent, une situation privilégiée. Investie par son pére de tous les droits qui lui appartenaient sur son fief, ayant le titre et les prérogatives de princesse de Monza, Virginie, ou plutót la Signora, car c'est sous cette désignation qu'elle était connue, semblait une reine au milieu de ses compagnes, et la supérieure avait mème cru devoir attacher deux dames d'honneur à sa personne. Cependant, au bout de quelques années, des bruits confus se répandirent dans la ville et signalèrent d'étranges événements, oi^i le romanesque se mèlait au cri- minel, et dont l'interieur du monastère aurait été le théàtre. On parlait de relations coupables entre la Signora et un jeune seigneur de la ville nommé Jean Pani Osio; (dans Manzoni, Egidio) de naissances mystérieuses, et de la disparition plus mystérieuse encore d'une religieuse, Catherine de Meda, dont les indiscretions pouvaient ètre redoutées, En 1608, un procès fut instruit, dans l'ombre, par le tribunal criminel de l'archevèché de Milan, d'après les ordres et sous la direction du cardinal Frédéric Borromée. C'est de ce procès que le nòtre a donne une relation francaise. Au moment oij s'instruisit cette mémorable procedure, elle avait d'autant plus - 38 - frappé les esprits, qu'on avalt pris plus de soins pour la tenir secrète, et Tima- o-ination s'était exercée sur ce déplorable texte: le drame mystérieux accompli dans le cloitre de Sainte-Marguerite. L'historien contemporain Ripamonti avait, le premier, signalé les désordres surve- nus dans ce monastère; mais il avait ignoré les véritables détails. Il n'avait indiqué que des faits vagues et souvent erronés; il n'avait mème pas connu la personnalité réelle des principaux acteurs engagés dans ces tristes événements. Depuis, Alexandre Manzoni a touché épisodiquement dans ses Fiancés (Chap. IX et X) à la sombre legende de la Signora de Monza; mais il ne pouvait que s'en tenir à des conjectures et accepter de confiance ce que racontait la tradition. En effet il ne s'occupe que de « narrare birevemente la storia antecedente di questa infelice » (chap. IX). Après, Cesar Cantù a fait connaitre la vérité tout entière sur cet intéressant sujet ( i ). Plus récemment encore, le comte Tìdlio Dandolo a public les mèmes docu- ments en entier, dans leur texte latin et en langue italienne. Enfin, le nótre, voulant mettre à la portée des lecteurs francais ce récit, qui à tout l'intérèt du roman et de plus le mérite de l'histoire, fit paraìtre, en s'ap- puyant sur les pièces officielles, une relation complète du procès de la Signora de Monza et de ses coaccusés. Voici comment J/. /. Barbier s 'exprime dans son rapport à l'égard de cette pièce: (2) « Une publication de cette nature n'etait pas sans danger et l'écrivain qui n'eùt poursuivi qu'un succès de scandale, en sacrifiant les moeurs et l'honnèteté publique, était certain d'atteindre son but. Tel n'est pas le caractère de la publication de A. Renzi, nous avons à peine besoin de le dire. Son volume dispose, écrit dans Uxi but sérieux et historique, met en lumière, il faut le reconnaitre, tous les faits regrettables dont les murailles du couvent de Sainte-Marguerite ont si longtemps dérobé le mystère à tous les yeux; mais le récit de ces faits eux-mémes a été adouci autant que l'exigeait le respect du lecteur et que le permettali la véracité de l'histoire. Le propre des récits judiciaires, c'est l' intérèt dramatique doublé par le réalisme, si nous pouvons employer une expression toute moderne. C'est là ce qui explique le goùt du public pour ces sortes de lectures; on a toutes les émotions du roman ou du drame et l'on ajoute à part soi : totd cela est vrai. On se le repète avec une satisfaction singulière, jusqu'au moment où vient la réflexion, qui apporte a l'esprit un salutaire enseignement et qui lui montre l'enchainement inflexible et logique des passions humaines: le désordre d' abord et le crime ensuite ». (i) e. Cantù — Storie minori — Voi. 11° pp. 290-302; Torino, Unione Tip. Edit. (2) V. YJ Investigateur T. II-. Sér. IVe pp. 211-12 an 1862. — 39 — Le nótre a su donner un véritable intérét à sa relation. Ce n'est pas une sèche et monotone, lecture de pièces. En présentant avec méthode et dans leur ordre logique tous les documents épars que la procedure avait mis à sa disposition, il en a compose un récit des plus attachants. Une amitié de longue main lui imposait l'obligation de remplir ce devoir, c'est - à dire de tracer quelques ligiles sur la vie et l'oeuvre de son ami Denis FoYATER. En effet, après avoir parie de son humble naissance dans un hameau de Bussière, il le suit à travers le développement de sa vocation pour la sculpture. Il nous le fait connaitre^ étudiant à l'école des Beaux - Arts de Lyon et de Paris, essuyant une vie pénible; mais toujours occupé à son art et à ses vastes projets qui lui devaient assurer, plus tard, une belle réputation panni les artistes statuaires. Ensuite, il donne une ampie illustration des travaux que Foyatier exécuta avant son départ pour l'Italie, ceux qu'il fit en Italie, et des belles statues qu'il modela après son retour. Ce court récit, mais plein de vérité, est le témoignage d'une sincère amitié (i). Le Camp de Cesar da^is le pays des Andes, (2) c'est une courte description du Heu que Jules Cesar avait choisi pour tenir en respect les peuples qui environ- naient la Civitas Audium, comme il l'appelait, et qui prit en suite, le nom de JidiomagtLs et plus tard celui <^ Ande g avi et enfin Ò!Angers. Cette description, par laquelle il nous est donne d'apprendre l'importance stratégique de cette position lors de la conquéte romaine, la valeur de l'architec- ture militaire chez les Romains et l'art merveilleux de disposer leurs campements, a son grand mérite d'étre une description réelle faite sur le lieu méme et dans lequel le nótre s'était expressement rendu, poussé par sa curiosité d'historien et d'archéologue. ' . " Le Rapport sur les Langues des hidiens du Nord de V Amérique, c'est une analyse de l'ouvrage de M. Gallatin et plus précisement du Dictionnaire comparati/ (en anglais) des langues des Indiens par cet auteur, public en 1842 sous les auspices de la Société des Antiquaires de l'Amérique du Nord, Le nótre, après avoir donne un apércu general à cet ouvrage et aux causes du ncmbreux fractionnement des dialects chez ces peuples indiens, voilà comment il se resumé: « L'ouvrage de M. Gallatin présente le Dictionnaire de plus de soixante-neuf langues et dialectes et une quantité de grammaires. Si on voulait rechercher l'origine de toutes ces langues, il serait fort difficile de la trouver. Ce qui frappe d'abord, c'est d'y rencontrer des mots qui ressemblent à ceux de plusieurs langues anciennes et modernes d'Europe et d'Asie. On reconnait cependant que (i) Cette brochure a été mentionnée dans le Catalogne (imprimé) de l'Histoire de France. (2) Cette brochure a été mentionnée dans le Catalogne (imprimé) de l'Histoire de France, — . 40 — tous ces dialectes préséntent le caractère de toutes les langues primitives et que leurs formes tiennent à des causes naturelles, qui otit été communes à toutes les langues. Ces langues se rapprochent des langues européennes modernes; ce qui fait penser aussi aux philologues qu'il a dù exister une civilisation très - avancée parmi ces peuples primitifs de l'Amérique ». A l'appui de ce qu'il vient d'avancer, il entre ensuite dans quelques détails morphologiques comparatifs et au moment d'examiner le pronom possessif, qui est presque toujours joint au substantif, dans le plus grand nombre de ces langues, (Chez les Algonkin - Lenape : nun - nutcheg (ma main); ken - nutcheg (tamain) wun- nutcheg (sa main); ne - ek (ma maison); nee - kou (notre maison); chez les Iroquois: giatattege (mon frère) thiatattege (ton frère); chez les Micmas: n'nixkam (mon Dieu) k'nixkaminou (notre Dieu); chez les Chippeway: nos (mon pére), kos (ton pére) OS - un (son pére) etc, il fait cette importante remarque: « J'ai dù me souvenir que cette forme est très - usitée chez les peuples des Apennins du milieu de l'Italie, qui prononcent: mainmenia^{p\hx^ -m2^ pairemu (pére -mon), nonne f7( (grand- pére- ton); caseta (maison -ta); ce qui prouve que les peuples modernes conservent encore quelques - unes des formes de leur langue primitive » (i). Après il conclut que « toutes les langues des Indiens d'Amérique ont la mème origine et que la comparaison faite par M. Gallatin donne le résultat le plus positif et le moyen de s'entendre aux peuples parlant un langage différent ». Enfin, à propos de ce rapport, voilà comment M. Pickering, secrétaire de la Société des Antiquaires de l'Amérique du Nord, s' adressait au notre: « L'ouvrage de M. Gallatin, sera desormais, gràce à votre analyse qui a dù vous coùter beaucoup de travail, bien connu, non - seulement de vos correspondants et amis de France, mais encore de ceux que vous avez dans les autres parties de l'Europe » (2). Dans l'introduction à la Grmnmaire des Ottolofs par M. Lambert, le notre, aprés avoir observé que c'est un ouvrage court et précis recommandable par l'ordre, la clarté et la méthode qui y régnent, il conclut que cette langue ouolove, parlée d'un peuple jeté aux extrémités de l'Afrique, et qu'il examine dans tous ses éléments morphologiques, paraìt ètre trés - ancienne surtout parce qu'elle revét, a beaucoup d'égards, le caractère general des langues primitives et par la simplicité de sa construction. Les Incas est l'objet d'un autre mémoire que le notre fit paraitre dans V Investigateur en 1844. Après avoir trace le resumé historique de la dynastie, presque fabuleuse des V (i) V. aussi le dialecte de la ville de Rieti qui a les mémes cas: fràtetu (ton frère), sóreta (ta soeur), sietu (ton onde); sìeta (ta tante); quinàtetu (ton beau-frère); quìnateta (tà belle-soeur); etc. (2) V. U Investigateur T. II, ann. 1842, Ile Sèrie. — 41 — //icr/s. qui furent les fondateiirs de l'empire du Péroii et de la Bolivie, de la vie civile ci politiciiic de ces peii|)]e.s indiens, JLisqu'au moment oìi ils furent cruellemenl subjugués par le capitaine espa^nol l'raneois Pizarro et asservis complètement à r Espagne, il nous entretient sur les deux idiomes parlés encore, à coté de l'espagnol, dans ces contrées: le qiiicima chez les Pérouviens et Wtyniara c\\v,7. les P)oli\iens. « Cette lanoue, le qiiicinta, ajoute le nòtre, avait sa littérature et des poésies qu'on chantait au son d'instruments faits de l'oseaux. Des cuniédies et des tragédies étaient représentées devant la cour, aux fètes du soleil. Il y avait de la regularité et de la variété dans le rliythme. L'universalité de cet.idiome, avait l'immense avantage d'établir des liens entre tous les peuples soumis à la domination des Incas, de faire accepter partout les lois, les usages de la cour d(" Cu/.co et de porter au loin une civilisation bienfaisante. La langue aymara, n'est pas moins riche que la langue qniclma : ces. deux langues se rapprochent beaucoup et ne djffèrent souvent que par de légères modi- fications dans les mots. L'une et l'autre se distinguent par une rare précision dans la phrase et par des moyens abondants d 'exprimer la pensée sous des formes diverses : on remarque de l'energie dans certaines expressions et des tournures qui rappellent la langue latine ». En 1844 \ Institi t Historiq^Lc, voulut confier au nòtre, le compte - rendu de tous les volumes que la Société des Archives Histo7'iqties Italieinics, fondée à Florence. \enait de publier sur l'histoire d'Italie. En considerant que parmi les historiens de Florence, il n'en est pas de plus digne de l'attention de notre epoque que F\(()j'n Pitti, il commence par l'analyse de \ Histoire de cet auteur dont les manu- scrits, tirés de la poussière d'une bibliothèque, oi^i ils étaient restés presque ignorés depuis trois siècles environ, venaient de clonYier enfin à ce savant, le rang qui lui appartient. « On a attaché, écrit - il. avec raison. d'autant plus d'intéret à cette Histo-h-c qu'clle retrace plus particulièrement l'action et le mouvement intérieur du peuple florentin, de ce peuple démocratique dont la vie, les moeurs, les lois électorales et organiques ne sont presque pas connues ». Mais avant d'aborder cette analyse. le nòtre prend soin, bien à propos, de nous faire connaitre d'abord sommairement les cinq premiers volumes recus par \ lìistUìit, car « ils renferment des documents historiques aussi variés qu'importants ». 11 conclut. enhn. que la publication des Archives historiques italiennes, apporterà « de grandes lumières à la science historique » car « elle interesse l'Italie et les nations qui ont joué un ròle important dans la Péninsule ». La Vie iiìférieiirc des Basqìtes c'est l'analyse par le nòtre d'un manuscrit de INI. DK Lai;.U)1j:, sur cet argument." Après avoir considéré còmment le peuple Basque - 42 — a su conserver pendant quatorze siècles sa nationalité, ses moeurs et sa langue, et après nous avoir donne quelques traits caractéristiques de ces gens à propos des costumes, des jeux, de la danse, de la vie civile et domestique, de la langue basque oii csc7mra, il aboutit à ces considérations: « Le peuple Basque ne ressemble pas aux autres par cela meme qu'il a toujours été un peuple stationnaire et brave, qui, tout en conservant les formes d'une vie pastorale, a su defendre la position g-éographique et presque inaccessible des montagnes qu'il habite. Ils sont fiers (lefe Basques) d'avoir constamment maintenu leur indépendance avec leurs libertés et leurs privilèges, au milieu des peuples tombés dans l'esclavage. Ils sont extrè- mement orgueilleux de leur noblesse, c'est - à - dire de leur noblesse collettive comnie nation, Extrèmes dans leur vengeance, ils sont cependant généreux envers les faibles. Le peuple basque est éminemment^ stationnaire. Nous souhaitons qu'il persiste a ètre le gardien jaloux de ses moeurs et de ses coutumes nationales;*^ mais nous voudrions le voir entrer dans le mouvement de la civilisation par l'instruction que le Gouvernement lui offre et pour laquelle il a une invìncible répugnance. Nous n'avons à presenter en sa faveur qu'une circostanc-e attenuante; c'est la difficulté qu'à le Basque pour substituer la langue francaise à sa langue'"' maternelle, qu'il regarde comme la plus belle langue du monde ». Dans la Biographie de Francois Salfi, dont le nótre en fit deux éditions et^ qui est, à la vérité, une étude simple et consciencieuse, il nous donne, en trois partics, la vie de ce littérateur qui fut aussi un excellent poète^ tragique. Dans la première, qui va de 1759 à 1789, c'est - à - dire au plus grand succès théàtrale remporté par l'auteur avec le Specb^e de Temessa, il nous parie de la jeunesse de cef écrivain, de son penchant pour la poesie, de ses théories philo- sophiques qu'il avait apprises à Naples, suivant les cours de Genovesi, dans les oeu\'res de Descartes, des Encyclopédistes et de Bayle et enfin des quérelles qu'i eut avec l'autorité ecclesiastique pour la publication de ses opuscules: Essai sur' Ics pìiénornènes anthi'opologiqties relatifs ait treìiibleinent de terre;' Allocution d^itn cardinal aii pape; Réflexions stir la co7ir de Rome. Dans la seconde partie, qui comprend la période de 1789 à 181 5, est exposée tonte la vie politique de Salfl La revolution francaise venait d'éclater. Ce grand événement avait donne aux peuples des idées nouvelles et tout à fait opposées à celles que cherchaient à maintenir la politique de leurs gouvernements. Bientòt la cour de Naples devint inquiète, soupconneuse, tracassière. Elle organisa l'espionnage; elle encouragea et récompensa la délation. Salfi, après plusieurs péripéties, ne se sentant plus en sùreté dans cette ville, s'embarqua pour Gènes et de là il se rendit à Paris. Mais quand Bonaparte venait d'ètre nommé general en chef de l'armée d'Italie, plein d'espérance, il retourna à Gènes. Après la victoire de Montenotte, il se rendit à — 4 '+o Pavie et puis à Brescia où il se fit apprécier par son patriotisme et ses talents à tei point qu'en voulant lui donner un témoignage public de reconnaissance, on l'admit au nombre des citoyens' brescians. En attendant il s'était lié, dans cette ville, d'une étroite amitié avec le general Murat. Ouelque temps après on lui offrit la eharge de secrétaire general au ministère de l'instruction publique à Milan, charge qu'il accepta avec l'intention de se rendre utile par ses productions théatrales. En effet il traduisit alors le Charles IX et le Fénelon de CiiÉnier et peu après il fitparaitre Virginie de Brescia qui obtinrent un succès éclatant. Cette vie tranquille et laborieuse fut de nouveau troublée et il se vit encore lance dans les mouvements révolutionnaires qui s'étaient nouvellement engagés à Naples. Appelé par ses amis. Salfi, quitta Milan et se rendit à Naples, déjà occupée par l'armée de Champion- net; mais les francais. attaqués en meme temps en Italie et sur le Rhin, durent abandonner cette ville et les patriotes napolitains furent recus, et Salfi avec eux, prisonniers des Anglais. Heureusement Salfi put se sauver, par la générosité d'un ami, à Marseille. Invite par Murat, il se rendit la seconde fois à Milan où il fut nommé pro- fesseur d'histoire et de diplomatie dans les écoks spéciales de cette ville; mais quand le roi Joachin Murat prit les renes du gouvernement de Naples, il fit retour à sa patrie où l'on le nomma professeur d'histoire à l'Université. La chute de Murat lui fit chercher pour la troisième fois, son asile sur la terre hospitalière de France. De ce qui arrive depuis ce moment à l'an 1832, e' est - à - dire à l'epoque de la mort de Salfi, est l'objet de la troisième partie de la biographie par le nòtre. C'est l'epoque du calme et de l'étude qui suit une vie orageuse et pénible. En effet nous voyons paraitre, tour à tour, \ Analyse de VJnstowe grecqne, \ Essai sur la comédie italienne, la Francesca dz Rwvim et le Corradmo; mais, ce qui est plus intéressant, le dixième volume de V Histoire Itttéraire dVtalie, qui serait restée incomplète par la mort de son auteur GinguenÉ, et dont le nòtre fait une analyse ' vraiment minutieuse et savante. l.^ Histoire de Jeanne Dare (i) est divisée en deux parties. La première, formée de trente-sept chapitres, contient: le Siège d'Orléans; Mission et victoires de Jeanne Dare. La deuxième, de trente chapitres: Captivité et procès de Jeanne Dare; Son martyre, . Il faut premettre, avant tout, que ce recit a été redige sur le guide des ouvrao-es des meilleurs écrivains du temps et contemporains qui se sont occupés (I) Le nom Dare était adopté par tous les anciens écrivains qui se sont occupés de la vie de la Pucelle. V A Renzi J Dare p. 3. V. sur le méme argument A. Vallet, sur le nom de J. Dare; Yallet de V.nv.lle, Nouvelles recherches sur la famille et sur le nom de J. Dare; Notices sur le nom Dare. Cette brochure a été mentionnée dans le Catalogne de l'Histoire de Franca que nous avons deja. eite. 44 — a l'histoire de la Piicelle ci' Orléa7is et avec le concours des dépositions de témoins qui pnrent part au procès, comme nous l'avertit l'auteur lui - mème. Ce hvre, lors de sa publication dans sa première édition, suscita des polémi- ques et des discussions dont nous ne pouvons nous passer de parler (i). Lorsqu'en 1855 (2) parut l'histoire de Jeanne Dare, M. O. Delepierre dans XAthcnaeìim de Londre (15 septembre 1855 N. 1455) dans un article intitulé Dcmtc hìstoriqiie, eut soin d'éxaminer le livre de Renzi et voilà comment il s'exprime: « Un des monuments de France, le plus présents aux souvenirs populaires, c'est la statue de Jeanne Dare, témoig-nage d'héroisme et de folle superstition Ces souvenirs sont - ils attachés à un mythe ? Shakspeare, Voltaire, Schiller et Southev, en lui consacrant quelques chants, prouvent - ils sa réalité? Ne doit - on pas croire au contraire, après due investigation, qu' il s'agit d'une conception de l'esprit, immortelle sans doute; mais non historique? » . Et plus loin il ajoute- « Il demeure cepcndant inexplicable comment Jeanne, si ce fnt 2Ln persomiage réel, après avoir sauvé son roi et son pays, fut, ensuite, abandonnée par le parti qui lui devait un triomphe aussi grand que durable ». Et il conclut: « S'il y a quelque chose de neuf dans la Jeanne de M. Renzi, c'est que les anciens d'étails sont habilement disposés et avec une admirable impartialité. Nous ignorons s'il a cherché à conduire ses lecteurs vers la conclusion à laquelle nous sommes arrivés en terminant son livre. Nous nous doutons meme si l'auteur a eu en vue de donner une conclusion précise, sinon celle de l'admiration pour l'héroine. Néanmoins nous pensons qu'il n'est personne, ayant lu l'histoire de Jeanne pour la première fois dans le livre de M. Renzi, qui, parvenu à la dernière page, ne soit convaincu que cette fille inspirée fut, à son insù, la dupe (wel scketed) bien choisie d'un parti politique » . A cet article repliqua, les documents à la main, A. Carra de Vaux, (3) dans ces termes: « On peut juger par les conclusions de \ Athenaemn du dégré de confiance que méritent . les appréciations historiques des publications an'glaises quand elles intéressent l'amour- propre national ». Ni moins résolument le nótre, ' quand il affirme que « cet article ne semble servir qu'à jeter de l'incertitude dans l'esprit des lecteurs sur une vérité historique incontestable et incontestée ». Après, A. Juhinal, dans son rapport sur les travaux de l'Institut Historique, durant l'année 1856, s'adressait au nòtre par ces mots: « La tròisième médaille a été accordée au travail si fran9ais, si patriotique de M. Renzi, sur/m;m^ Dare {a,). (r) Dans le compte - rendu de la feuille de correspondance de l'Association centrale des Comités Histo- nques et Archéologiques à Manovre, M. Einfeld, dans un article assez long, analyse ce mémoire de A. Renzi sur Jeanne Dare. (2) En 1857 parut la deuxième édition corrigée et augmentée (3) ^'. \^' Investigateur T. V. an. 1855 pagg. 36S - 370. (4) Ce mémoire recut une médaille d'argent d'incouragement dans l'assemblée generale du mois de juillet 1856. — 45 — Prendre l'héroine de Vaucouleurs a sa naissance, vous la montrer dans sa jèunesse au milieu de sa famille, simple bergère comme Sainte Geneviève, puis, inspirée de Dieu, suivant au combat la voix de Sainte Catherine, marchant la première aux honneurs du sacre de Rheims comme son étendard avait marche le premier au combat; tombant enfin sacrifiée à d'injustes haines, à d odieuses vengeances et terminant sur le bùcher une vie sans reproche comme sans peur, telle a été la tàche de notre honorable cùnfrère. En réhabilitant Jeanne Dare contre les calomnies de Vot/faire, M. Renzi a accompli une oeuvre patriotique dont nous ne saurions que le louer. Il nous a donne les interrogatoires de Jeanne Dare, si curieux, si intéressants, si authentiques. Nous devions l'en récompenser, et c'est une seconde récompense, à laquelle vous vous associerez tous, que le remerciem.ent public que je lui en adresse ici » . En abrégé, l'oeuvre de A. Renzi, n'a pas proprement le mérite de l'originalité; mais elle témoigne, sans doute, d'une érudition àmpie et variée. APPENDICE (DOCUMENTS) I. Du Registre des Con firmati 07is des Archives paroissiales de Morrò Reatino : Anno Domini 1792, in Sacra Visìtatione, habita, die sab.** 16 lunii ab Ill.mo et Revd.mo Domino Xaverio Marini Episcopo Reatino sacramentum Confirmationis accepit Angelus Renzi fìlius Antonii q™ Mattei et Annae Mariae Renzi. Compater Ioannes Federici. Datum Castri Murri die 9-11-1918. II. Du Cahier des Stati liberi de 1807 à 18 14 chez les Archives de la Chancellerie Episcopale de Rieti : Die 14 9bris 181 2 Pro D. Angelo Renzi fil. q".^ Antonii de Reate sub. Par. S. Eusanii an. 24 circiter. D. Maria Catharina Canali fil. D. Joannis Taddei de ead. sub Par.* S. Juvenalis, an. 16 circiter. Ex.*"^ D. Dom.*^"* Pidotti fil : q*? Leopoldi de ead. an. 43 etc. Dominicus de Cinti fil: c\^ Joannis Antonii da Castro Murri Reatinae Diec.'* an. 40 circiter qui med.*'* deposuere de libero statu et de permanentia in Patria. III. Du Liber inatrinionioriim ab anno 1793 ad annum 1860 Parochialis Ecclesiae S. Juvenalis et B.'nae virg.is Mariae de Scala : Anno Di' 1812 die vero. 26 Nmbris duabus ut de Mandato habitis denuntiationibus de Matrimonio contrahendo inter Angelum Renzi q. Antonii filium et Mariani Catharinam Canali, Ioannis Taddaei filiam, quorum primus S. Eusanii Paraeciae subditus erat, altera huic meae Pa- raeciae subjacebat, nulloque detecto impedimento, eos in matrimonium conjunxi juxta ritum S. E. R. corani notis testibus Josepho Bernasconi et Joanne Fran.co Orlandi. — 50 — ly. Rieti, 28 giugno 1869. Onorevolissivìo Signor Angelo Renzi Parigi. In omaggio alla stima che professa alla lUma S. V. la Città di Rieti, ed in pegno di gra- tissima memoria che di Lei serba questo Municipio Reatino cui Ella volle degnarsi offrire i pre- giatissimi suoi scritti che formano anch 'essi decoro della Biblioteca del Comune, permetta che la Rappresentanza della Città di Rieti, Le offra un tenuissimo attestato di sua sincera riconoscenza nell'unita medaglia d'oro che Ella sarà compiacente di conservare a ricordanza del luogo natio. Per la Giunta l'Assessore ff. di Sindaco L. PETRINI Rieti, 28 juin 1869. Très On. J/. Angelo Renzi à Pai'is. ■^«b" Pour vous assurer de l'extime que la Ville de Rieti a pour V. S. et en témoignage du sou- \'enir que pour vous a toujours gardé cette Municipalité à laquelle vous avez digné offrir vos écrits très - estimables qui ajoutent de l'honneur à notre Bibliothèque, permettez que le Conseil Municipal de notre Ville, xowà offre une preuve de sa sincère reconnaissance dans cette médaille en or qu'il vous envoie et que V. S. voudra bien garder en souvenir du lieu natal. L 'Assesseiir ff. de Maire L. PETRINI V. Anno 1809. Stato di anime soggette alla Parrocchia di S. Eusanio (in casa Angelotti). « Angelo Renzi (età) 20 - (professione) Studente - Celibe - di Morrò - domiciliato in questo Comune da 5 anni. Registre des paroissiens de la Paroisse de S*^ Eusanio (chez Angelotti). « Angeb Renzi àgé de 20 ans - Étudiant - Célibataire - de Morrò - ayant son. domicile dans cette commune depuis 5 ans. VI. In altra Statistica, fatta sotto l'Impero, dei possidenti e indigenti. Angelo Renzi di Morrò è messo fra i secondi. Dans une autre Statistique, rédigée sous l'Empire, des propriétaires et indigents,. Angelo Renzi de Morrò est classifìé parmi ces derniers. VII. Je suis redevable de cette notice, tirée des Archives de la maison Ricci de Rieti, à mon collègue le prof. Angelo Sacchetti - Sassetti. Lettera di Fra Carlo di Tutti i Santi ad A. M. Ricci. _ 51 — Parigi, 6 giugno 1843. P. S. « Sarei gurioso (sic) sapere se lei conoscie (sic) un certo Renzi che dicesi di Rieti, con moglie e figli, il quale passa per una specie di letterato : almeno appartiene a delle Società Lette- rarie, e che se la passa bene in Parigi ; il quale lo rincontro spesso ed abita vicino a me e ciò per guriosità (sic) ». ■ Lettre de Frère Charles de Tous les Saints à A. M. Ricci. Paris, le 6 juin 1843. P. S. « Je serais curieux de savoir si vous connaissez un tei Renzi qui dit d'étre né à Rieti et qui a avec lui sa femme et ses enfants. lei on le croit littérateur : du moins il appartient a des Sociétés Littéraires. Il méne bien sa vie à Paris et je le rencontre souvent, car il demeure tout près de moi. Cela je voudrais le savoir seulement pour satisfaire à ma curiosité ». VIIL fXTRAIT , . REPUBLipUE FRANCAISE. D flvlLO De DlvLO liberté, égalité, fraternité. DELIVRE A TITRE D UN SIMPLE RENSEIGNEMENT. UILLt Dt PRRI5 CINQUIÈME ARRONDISSEMEMT Reg. N. s 3 Oi ex MA/RIE DU PANTHEON Dti 07126 jidllet tnil hiit cent soixante onze à trois heiires du soir. ACTE DE DÉCÈS de Ange Renzi decèdè ce soir à deux hezires à Paris, eti son domicile rue Royer Collard N. 11 àgè de soixante dix huit a?is et Jniit mois, homme de lettj'es, né à Morrò de Rietti (Sabine) veuf de Caterina Canali, sans autres ren- seignements, le dècès dument constate sur la déclaration de Joseph Beiigali àgè de vingt devx ans, employé devieìirant me des Saints - Pères N. jo et de Charles Mony àgè de qziarayite trois ans, employè demeurant rice de VAi'balète N. ^i qui ont signè, par-devant Noics, Maire du Cinqicihne Arrondissement de Paris, après lecture /aite dudit Ade. Signè : Bengali, Mony de Marcine. Pour copie conforme aux Registres. Paris, le 1 1 Décembre 19 14. Le Maire die Ve Arrondissement, AR. TAIRE BIBLIOGRAPHIE DE A. RENZI 1832 — ■ La guerre de Spartacus en trois campagnes - Fayolle - Paris. 1832 — La vie politique de Fran90Ìs Salfi id. 1840 — Le Polyglotte improvisé - Baudry - Paris. 1861 — Dictionnaire general italien - fran9ais, Deuxième édition, Baudry - Paris. Investigateur , Tome II 1842 - Langue des Ouolofs. » » » - Langues des Indiens du Nord de l'Amérique. » » » - Peuples primitifs de l'Italie. 1843 - Les Incas et !a langue Aymara - Quichua. » » » - Le fleuve des Amazones. » T. IV 1844 - Histoire de la poesie fran9aise à l'epoque imperiale. Archives historiques italiennes. Histoire de Florence (par Jacopo Pitti). » » T. V 1845 - Archives historiqties italiennes. » » » » » » T. Ili 1843 » » T. IV 1844 • » » » » T. V 1845 » » T. VI 1846 » » » » T. IX 1849 T. X 1850 » » » » » » T. I 1851 » » » » » » T. II 1852 » » - La confession souterraine de la Basilique de Saint-Marc. - Les congrès scientifiques des italiens. - La grotte de Collepardo. » » » ' - Monuments de tous les peuples. La mer Morte (par Lynch). » T. X 1850 - Histoire des Basques. » » » - Pierre Fontaine. » » » - José de San - Martin. » » » - Analyse du congrès d'Edimbourg de 1850. » T. I 1851 - M. de Vanderbach. » » » - Les Bohémiens. » » » - Le Royans. » » » - Fouilles de la voie Appienne. » 1. 11 i»52 - Le comte de Fossés. » » » - L'ile de Sainte-Croix. - 56 - 1853 - I-^'5 fouilles de Cumes. 1S54 - La République de Saint Marin. >> - Abandon des enlants en Chine. 1855 - Jeanne Dare. » - L'histìime de Suez. 1S60 - De la panification ancienne et moderne. i86r - Recension sur le Dictionnaire Arménien - francais de A. Calfa. 1862 - La Signora di Monza et son procès. 1863 - Denis Foyatier. 1866 - Le camp de Cesar. . 1867 - Description d'une petite niachiiie géocyclicque. » T. Vili 1868 - Francois Salti. Stalistiqiic des travaux de l'Institut historique pendant 25 ans. ^nvrsfio^a 'tevr T. IH. T. IV >> » » T. V » » » T. X >> T. I » T. II » T. Ili » T. VI » T. VII ^ f LIBRlM OF CONGRESS 0 018 459 840 PREZZO L. 2.50
Tuesday, December 24, 2024
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